Connaissez-vous la lecture labiale ? Pratiquée par les malentendants, cette technique permet de lire sur les lèvres et s’apprend. Des cours sont notamment donnés par une association à ses adhérents pour la première fois, à Clermont-Ferrand.
Un cours bien silencieux pour des élèves malentendants à Clermont-Ferrand : dans la salle de classe, tous ont perdu l’audition au cours de leur vie. Un handicap invisible mais présent au quotidien. Pour eux, apprendre à lire sur les lèvres devenait une nécessité. « J’ai été appareillé mais l’audition ne suffit pas, surtout dans un milieu vraiment bruyant. On ne peut pas tout comprendre, on se sent isolé. La lecture labiale permet d’enrichir cette compréhension et de pouvoir mieux converser avec les gens. Ça sert à mieux m’intégrer, mieux comprendre les gens, me simplifier la vie, être moins fatigué, même si c’est de la concentration en permanence », explique Richard, devenu malentendant.
Un apprentissage complexe
En 7 séances, une fois par mois, Louise Laurent, orthophoniste, donne à ses élèves les clefs d’une autre forme de communication. Pour ces malentendants tardifs, la langue des signes n’est pas une option, mais il faut continuer à s’exprimer en société, selon cette spécialiste : « La lecture labiale ne représente que 30% du message qu’émet une personne. Il y a forcément des choses qui manquent. On apprend la lecture labiale pour que ça serve de complément à l’audition pour les personnes sourdes. Ce qui est difficile, c’est qu’en français, beaucoup de sons ont la même image sur les lèvres. Par exemple, les sons –p, -b, -m, on voit exactement la même chose. Il y a même aussi des sons invisibles, par exemple le –q, le –g ou le –r. Ce sont des sons qu’il faudra deviner. » Au bout des 7 séances, tous les sons auront été abordés.
S'adapter à son interlocuteur
Il s'agit d'un apprentissage intense et complexe pour visualiser les sons sans les mélanger : « Les personnes moustachues ou barbues, c’est difficile de lire sur leurs lèvres. Il y en a qui parlent très vite, d’autres moins vite, chaque cas est particulier finalement. Non seulement la lecture labiale est difficile mais en plus il faut s’adapter à la personne qui parle. Il faut beaucoup de cours pour tout travailler, chaque mouvement des lèvres et du visage est important », explique Colette, malentendante.
Ne pas s'isoler
Après 6 ans d’existence, l’association Malentendants 63 organise cette formation pour la première fois. Au total, 22 inscrits avec un objectif, être moins isolés, comme l'explique Madeleine Challan, responsable de l’association Malentendants 63 : « Cela va permettre l’acceptation de ce handicap invisible qui est difficile. Lorsqu’on accepte, on trouve des solutions pour se débrouiller. Le but est d’être autonome. Tous les "devenus sourds" ont besoin de développer cette lecture labiale pour rester dans le monde social. C’est une des réponses principales, avec l’appareillage, à la surdité tardive. Elles est trop méconnue. » L’association prévoit déjà de renouveler ces cours l’année prochaine. En France, 6 millions de personnes souffrent d’un trouble de l’audition.
- Propos recueillis par Mélanie Caron pour France 3 Auvergne