Après 35 ans d’absence, dimanche 9 juillet, le Tour de France va faire son grand retour au sommet du puy de dôme. Les coureurs s'élanceront de Saint-Léonard-de-Noblat (Haute-Vienne), la patrie de Raymond Poulidor. Un nom qui évoque forcement son célèbre duel avec Anquetil, sur les pentes du volcan en 1964.
Dimanche 9 juillet, c'est de Saint-Léonard-de-Noblat (Haute-Vienne), la patrie de Raymond Poulidor, que les coureurs prendront le départ de cette étape du retour au sommet du puy de Dôme. Dans la ville de Poupou, qu’ici tout le monde adore, même le charcutier a transformé son commerce en musée. Il explique : « Je suis fan de Raymond Poulidor, l’enfant du pays. Je pense que c’était un très grand coureur cycliste. Il a marqué le monde entier ». Une habitante ajoute : « Il était toujours le deuxième et il y a eu l’étape mythique du puy de Dôme, avec Anquetil ». Une autre précise : « C’était un homme sympathique, charmant, avec une force herculéenne. Il n’a peut-être pas réussi à se battre autant que l’a fait Anquetil par exemple ».
A Saint-Léonard, dans son garage, Jean-Pierre Micaud, ami d’enfance de Raymond Poulidor replonge dans ses souvenirs de ce Tour 1964. Il se souvient : « Toute la population était basée sur le duel Anquetil-Poulidor. C’est sur la montée du puy de Dôme, sur les quatre derniers kilomètres que tous les deux ont livré un mano à mano ». Il poursuit : « Avec la foule des deux côtés, c’était immense. On a senti que Raymond n’était pas mal mais Anquetil bluffait dans sa roue ».
"C’est la photo la plus célèbre du cyclisme"
C'est un photographe du journal l'Equipe qui immortalise le coude à coude. Philippe Bouvet, journaliste à l'Equipe (1985-2016), indique : « C’est la photo la plus célèbre du cyclisme car elle traduit une intensité folle. C’est presque un combat de boxe. Il y a dans cette photo toute la quintessence du sport. Comme dit Raymond, "On grimpait. On était tellement cuits tous les deux, on ne se voyait pas. On s’est touchés mais je ne m’en suis pas rendu compte" . Un jour, Raphaël Géminiani avait dit à Raymond : "Tu étais encore plus dans le brouillard que je ne le croyais" ».
Un duel qui a marqué l'Histoire
Raphaël Géminiani est aux premières loges dans sa voiture de directeur sportif de Jacques Anquetil. Il se rappelle : « Il aimait bien que je sois là, derrière. Courage, courage ! Comme je ne pouvais pas tellement lui parler, je mettais des petits coups de klaxon pour dire que j’étais là. Ils étaient courageux. Raymond avait laissé toutes ses forces dans le Tour d’Italie. Il a fait ce qu’il a pu ». Derrière les Espagnols Jimenez et Bahamontes, Raymond Poulidor termine troisième de l’étape. Au bout de l’effort, Jacques Anquetil conserve son maillot jaune pour 14 secondes : il va remporter son cinquième et dernier Tour de France. Philippe Bouvet explique : « On a dit que le Tour de 1964 était le Tour des Tours. Il faut une dualité dans le sport, dans le Tour aussi et on ne l’a pas toujours. Il y a souvent un champion dominateur, comme à l’époque de Merckx, Hinault, qui écrase tout. Là, ils étaient vraiment deux à s’arracher le maillot jaune ».
L'émotion de ses amis
Raphaël Géminiani conclut : « Finalement, ce puy de Dôme c’était l’embuche, le piège qui aurait pu permettre un renversement de situation. Il n’a pas eu lieu ». Raymond Poulidor, l'éternel second ne remportera jamais la Grande Boucle. Devant sa tombe, son ami Jean-Pierre Micaud confie : « Quand on voit son palmarès, dire qu’il a été l’éternel second, ce n’est pas vrai. Je ne passe pas de jour sans penser à toi. Pour moi, tu es un grand champion. Tu es mon ami et tu le seras toujours, même là-haut ».
Vous pouvez regarder l’intégralité du magazine « La légende du puy de Dôme, retour 2023 » dimanche 9 juillet sur France 3 Auvergne, à 12h50 et sur france·tv