Mateo Morel, 21 ans, maire de Limons, dans le Puy-de-Dôme, a découvert mardi 20 juillet deux croix gammées et le mot « crève » devant chez lui. Il a déposé plainte.
Depuis mardi 20 juillet, Mateo Morel, maire de Limons, dans le Puy-de-Dôme est profondément choqué. Il a découvert deux croix gammées et le mot « crève » tagué devant chez lui. Il raconte : « Dans la nuit de lundi à mardi, j’ai été réveillé par mes animaux qui n’arrêtaient pas d’hennir, vers quatre heures du matin. Je ne me suis pas plus inquiété que cela. Le matin, en partant à la mairie, j’ai pu voir les inscriptions sur le mur et ça a expliqué pourquoi j’ai été réveillé dans la nuit ».
J’avais reçu des menaces en septembre 2020
L’élu, âgé de 21 ans, avait déjà été l’objet de menaces : « J’avais reçu des menaces en septembre 2020. Ce n’était pas en lien avec une affaire communale. J’avais reçu des menaces dans ma boîte aux lettres et c’était beaucoup moins virulent que « crève ». Là, c’est d’une gravité absolue. Cela reste une menace de mort. J’interprète les croix gammées de deux façons : soit la personne me traite de nazi et c’est très grave, soit mes idées politiques ne lui plaisent pas, je suis ancré très à gauche ».
Une plainte déposée
Le maire sans étiquette a déposé une plainte. Il devra se rendre mercredi 21 juillet après-midi à la gendarmerie d'Ennezat, près de Riom, pour signer sa déposition : « Les gendarmes prennent l’affaire très au sérieux. Le préfet et le sous-préfet ont été alertés. Cela fait un an que plusieurs collègues sont pris à partie, encore récemment à Vollore-Montagne. C’est le signe d’une République qui est bien basse et qui a besoin d’un changement profond. Si on en vient à s’en prendre aux élus de la République, c’est qu’il y a un réel souci. Je pense qu’il y a un problème d’écoute de la population. Mais c’est inexcusable. C’est presque du travail bénévole que l'on fait ».
Une enquête ouverte
Le procureur de la République de Clermont-Ferrand, Eric Maillaud, confirme l’ouverture d’une enquête : « C’est un fait traité par la gendarmerie d’Ennezat et qui n’a pas à ce jour l’ombre du commencement d’une piste. Le maire n’a strictement aucune idée. Il ne pense à personne. L’enquête est ouverte pour des menaces de mort. On prend cela très au sérieux, car s’agissant des menaces envers les élus, on sent bien qu’il y a des tensions qui s’exaspèrent un peu, tout comme vers le personnel enseignant ou soignant. On essaie d’être à leur côté. Par ailleurs, le message avec la croix gammée n’a pas de lien avec le COVID et la vaccination, mais on sent bien une surexcitation anti-dirigeants qui commence à devenir agaçante et inquiétante. On y est très attentifs ».
De nombreux soutiens
Dans sa commune de 780 habitants, il a reçu de nombreux soutiens, mais aussi de la part d’élus puydômois, quelle que soit l’étiquette politique : « Ca réconforte car on se sent seul. Quand ça vise le domicile, ça touche à une vie de famille. Je ne suis pas seul à y habiter, il y a aussi ma compagne. Je me pose la question si un jour j’ai la chance d’avoir des enfants, et je me demande si je dois avoir peur pour eux. Quand on est élu, on s’attend toujours à avoir des prises à partie, des représailles. Mais de là à taguer « crève » avec des croix gammées… ». Désormais, le maire veut continuer à mener sa vie comme avant. Il conclut : « Je ne sais pas s’il y aura plus de vigilance. Je suis déterminé. Je ne vais pas baisser les bras ».