Des températures record en ce mois d’octobre qui ne sont pas sans conséquences pour les maraîchers auvergnats. Tomates, poivrons et aubergines continuent de donner à plein régime alors que les légumes d’hiver, eux, sont en avance. Même au coeur du Massif central à Brassac-les-Mines dans le Puy-de-Dôme.
Le spécimen est particulièrement imposant. Une aubergine bien charnue de plus de 30 cm. Justine Boyer, sécateur en main, prépare ses marchés du week-end. « Celle-ci est très belle, elle a bien poussé », explique la maraîchère installée à Brassac-les-Mines dans le Puy-de-Dôme. « Ce sera pour une grande famille », s’amuse-t-elle.
La météo est radieuse, les températures plus que clémentes. La récolte s’annonce encore une fois abondante pour ces légumes d’été qui bénéficient de cette arrière-saison pas vraiment pressée de basculer vers l’hiver. Sous la serre, les tomates et les poivrons, s’épanouissent comme en plein mois de juillet ! Et même mieux encore. « Nous avons de beaux poivrons qui profitent de la douceur pour grossir et finir de mûrir. Ils aiment bien car il fait plus frais que cet été. Ils souffrent moins des grosses chaleurs. »
Au grand air
Des températures historiquement élevées, Justine Boyer n’a pas encore pris son rythme d’automne. « En cette saison, les serres qui abritent les tomates sont plutôt fermées la journée, il fait plus froid. En général, début octobre, je commence à fermer les serres la nuit pour les rouvrir le matin vers 10 h selon l’ensoleillement. Cette année, je n’ai pas cette problématique-là.»
Les deux tunnels qui accueillent les tomates continuent de prendre l’air à grandes bouffées, leurs portes de plastique toujours sagement enroulées au-dessus des entrées.
Le revers de la médaille, c’est le manque d’eau. La jeune maraîchère possède un bassin dans lequel elle puise l’été et son système d’arrosage est d’ordinaire débranché en automne.
« J'avais d’ailleurs commencé à ranger quelques tuyaux, il a fallu les ressortir. C’est très sec et les légumes ont besoin d'eau à cette période-là.» Derrière Justine Boyer, le jet d’eau crache son liquide à intervalle régulier sur les radis noirs, eux aussi particulièrement en forme.
Brocolis, choux fleurs, poireaux, navets, les légumes d’hiver sont en avance cette année. « Les radis noirs arrivent plutôt mi-novembre et là ils sont déjà très beaux. » Dans sa main, un radis noir gros comme une pomme bien en chair.
« C’est bien car on peut proposer des légumes d’hiver plus tôt aux gens. Mais c’est aussi moins bien car les légumes arrivent tous en même temps. Et c’est presque trop tôt. Etant donné qu’il fait chaud, les gens n’ont pas encore envie de manger des légumes comme le chou-fleur. Et concernant légumes d’été, ils en ont mangé toute la saison, ils s’en lassent un peu. »
Et puis ces légumes d’hiver qui auront bien été productifs en automne auront moins à fournir, une fois les frimas de retour.
Fleurs de printemps
Malgré tout, cette croissance précoce n’est pas sans intérêt.
« Toutes les cultures vont être plus développées parce qu'il fait plus chaud et du coup, elles auront plus de défense pour l’hiver. Elles vont mieux le supporter. »
Autre signe d’un climat anormalement chaud, dans une parcelle tout à côté, de la moutarde élance ses fleurs jaunes vers le ciel. Les abeilles, d’habitude à la ruche en cette saison, sont de sortie et butinent ses fleurs de printemps.