Jeudi 29 juillet, deux agents du Conseil départemental du Puy-de-Dôme ont été distingués. Début juillet, ils ont sauvé de la noyade une femme en difficulté dans les eaux de la Sioule. L’un des héros, Thierry Roehr, raconte ce sauvetage exceptionnel.
C’est une histoire comme on aimerait en raconter plus souvent. Jeudi 29 juillet, Luc Blin et Thierry Roehr, deux agents du Conseil départemental du Puy-de-Dôme ont été distingués pour un acte de bravoure. Tout s’est passé le 7 juillet dernier. Thierry Roehr, bientôt 60 ans, travaille depuis 2009 au Centre d'Intervention Routière de Saint-Eloy-les-Mines. Lui qui intervient habituellement pour de la pose de signalisation, du débroussaillage, l’entretien des routes, se souvient avec émotion de cette aventure si particulière, survenue vers le pont de Menat : « Vers 11 heures, on avait posé de la signalisation sur les bords de Sioule, pour la via ferrata qui a été mise en place. On rentrait sur le centre. On avait deux panneaux à coucher après un chantier qui était fini. Au passage, deux cyclistes nous ont appelés. On s’est arrêtés. Ils nous ont dit qu’une femme était au milieu de la Sioule, avec des chiens, et que son canoë avait chaviré ».
Il y avait un énorme débit ce jour-là à cause des crues
Il poursuit : « Je ne la voyais pas. J’entendais les chiens aboyer. Il y avait beaucoup de végétation. Je suis descendu au bord de la Sioule. Il y avait de grosses ronces. Mon collègue de travail m’a passé une pelle. On a ouvert un chemin. On a rattrapé le premier chien coincé par la laisse et on l’a mis sur la berge. J’ai traversé le pont. Je suis allé dans la Sioule. Il y avait un énorme débit ce jour-là à cause des crues. Le courant a commencé un peu à m’emporter. Je me suis accroché à un tronc en travers. J’ai tendu la main à la dame et elle l’a saisie. On a pu regagner la rive. Mon collègue a ouvert le chemin encore un peu plus large pour passer. On a pu remonter la dame et ses deux chiens au sec. Le papa de la dame était là aussi. Avec sa fille, ils m’ont beaucoup remercié. Elle avait environ 35 ans. Elle était de Châtel-Guyon il me semble ».
Des sauveteurs remerciés
Mais Thierry ne s’en est pas arrêté là : « J’ai appelé les campings et les loueurs de canoë pour qu’ils viennent chercher ces braves gens, la femme et son père. On est restés un peu avec eux. Le père de la jeune femme nous a dit de partir car on en avait assez fait. Ils étaient en sécurité. Ils nous ont remerciés je ne sais combien de fois. Je suis rentré chez moi, je me suis changé et j’ai repris le boulot ».
Je trouve même que cela prend une importance qui me dépasse
Pour lui, il n’a pas accompli un acte héroïque. Thierry souligne : « Je n’ai pas eu conscience de l’avoir sauvée. A la question "Est-ce que tu sais nager?", je réponds: « Comme un fer à repasser ». Je ne me suis même pas posé la question de savoir si je savais nager. Sur les routes, mon boulot consiste aussi à intervenir sur les accidents. Il m’arrive de voir l’accident en direct. Je m’arrête, je sors la personne, je la mets en sécurité, je la calme, je sécurise les lieux : c’est un peu le quotidien de notre métier. Je ne me prends pas pour un héros ou un sauveur. Je trouve même que cela prend une importance qui me dépasse ». L’agent du Conseil départemental avoue : « Quand le courant a commencé à m’emporter je me suis dit que je m’étais mis dans de beaux draps. Cela a été un petit flash. Mais je ne me suis pas plus posé de questions. Je pense que beaucoup auraient fait pareil ».
Des enfants fiers de leur papa
Originaire du sud, Thierry est arrivé dans la région en 2006. Il s’avoue dépassé par cette affaire : « Mon collègue Luc a été touché aussi. On a vu le président du Conseil départemental et des gens que l’on ne croise jamais dans notre carrière. Cela fait 13 ans que je suis au Conseil départemental, je n’avais jamais croisé le président : c’est valorisant. J’en suis fier mais cette histoire me dépasse ». Luc Blin et Thierry Roehr ont reçu la médaille du Département, symbole de leur acte de courage et de dévouement. Emu, Thierry conclut : « Ce que je retiens de cette histoire, c’est que pour mes enfants de 10, 12 et 17 ans, je suis un héros. Leur papa est un héros. C’est mon plus beau cadeau ».