Election présidentielle : " Les maires sont sursollicités", en Auvergne, les candidats en quête de parrainages

A quatre mois de l’élection présidentielle de 2022, la course aux parrainages bat son plein, pour les candidats. En Auvergne, les maires de petites communes rurales sont souvent sollicités mais n’accordent pas facilement leur signature.

Faut-il accorder son parrainage ? Lors de chaque campagne à l’élection présidentielle, c’est le casse-tête auquel sont confrontés de nombreux maires. En effet, avant de séduire les électeurs, chaque prétendant doit recueillir 500 signatures de maires, sénateurs, députés, ou conseillers départementaux et régionaux, afin de briguer la présidence de la République. La liste inclut aussi les conseillers de Paris et de la métropole de Lyon, les présidents du conseil exécutif de Corse et de Martinique ou encore les présidents de la Polynésie française et du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Certains élus refusent d'accorder leur parrainage, soit par principe, soit par peur d'éventuelles critiques notamment de leurs administrés. En effet, ces parrainages de candidats sont publics. Ainsi, le conseil constitutionnel a publié la liste des parrainages de 2017.

"J’avais fait ce choix pour la démocratie"

En Auvergne, les démarchages auprès des élus ont déjà commencé. Maryse Pourrat, maire sans étiquette de la commune de Connangles en Haute-Loire, a déjà eu de nombreuses sollicitations. Elle explique : « J’ai reçu de nombreux coups de fils et des visites de représentants de partis, surtout des gros candidats ». En 2017, l’élue avait accordé son parrainage à Nicolas Dupont-Aignan : « J’avais fait ce choix pour la démocratie. En 2017, j’estimais que c’était bien que la démocratie soit représentée et que tous les candidats aient la chance de postuler. Cette année, je ne sais pas si je donnerai mon parrainage. Je suis dans l’expectative. En 2017, personne ne m’avait reproché d’avoir accordé mon parrainage, je m’étais même expliquée lors du conseil municipal alors que je n’étais pas obligée. Il n’y a avait pas eu de remous ». On compte 138 habitants à Connangles.

De nombreux contacts 

Dans le reste du département de Haute-Loire, les élus sont déjà contactés. Michel Arcis, président des maires ruraux de Haute-Loire, confirme : « J’ai été sollicité par courrier et par mail. On nous demande parfois de prendre rendez-vous. Je trouve qu’il y a plus de contacts par rapport à 2017. Cela se ressent fortement .Ce sont surtout des petits candidats qui nous démarchent Je n’accorderai pas de parrainage car je ne le fais pas en général. Je n’ai pas envie de soutenir qui que ce soit ».

"On reçoit des sollicitations tous les jours"

Dans le Cantal, les démarchages sont aussi nombreux. Christian Montin, président des maires ruraux du Cantal, raconte : « On reçoit des sollicitations tous les jours, soit des courriers, soit des appels téléphoniques, soit même parfois des visites. Actuellement, ce sont les petits candidats qui sont les plus pressants, ce sont eux qui doivent commencer tôt car ils ne sont pas assurés d’avoir leurs 500 parrainages. Ils sont actifs. Mais je ne trouve pas que ce soit plus marqué que les années précédentes, je pense que ça va s’accélérer. Pour le moment, le forcing n’est pas phénoménal. Je me souviens de campagnes passées où les gens étaient très pressants ».

Des maires "tiraillés"

Pour Christian Montin, les maires sont parfois déchirés dans leur prise de décision : « Dans l’ensemble, je dirais que les maires sont plutôt réservés. C’est un sujet délicat car il y a la volonté de faire vivre la démocratie, il faut que les gens puissent se présenter mais d’un autre côté, quand vous avez des convictions et que vous souhaitez la victoire d’un candidat, c’est difficile d’aider un autre candidat. On est un peu tiraillé. De plus, la majorité des maires cantaliens ne sont pas forcément très marqués politiquement. Ils ne souhaitent pas toujours que leur position puisse être interprétée ou lue d’une manière qui ne leur conviendrait pas ». Il ajoute : « Un maire est un élu, un personnage public d’une certaine manière. Il doit être capable d’assumer ses prises de position. Cela me paraît assez sain que la transparence soit de rigueur ».

Un maire qui s'interroge

Pour l’heure, Christian Montin ne sait pas encore s’il va donner sa signature : « Je ne sais pas si je vais accorder un parrainage. J’attends que la situation se décante. Je donnerai mon parrainage à un candidat qui portera un discours très sérieux. L’élection présidentielle n’est pas la candidature à la présidence d’un club de pétanque, avec tout le respect que j’ai pour les présidents de clubs de pétanque. C’est une démarche qui me paraît importante ».

Plus de sollicitations qu'en 2017

Dans le département voisin du Puy-de-Dôme, même pression sur les élus. Sébastien Gouttebel, président des maires ruraux du Puy-de-Dôme, indique : « Les maires sont sursollicités. Tous les jours, on reçoit des mails et des courriers à la mairie, et même dans nos boîtes aux lettres personnelles. Je n’ai pas le souvenir qu’il y a 5 ans, il y ait eu autant de sollicitations ». Il précise : « Tous les candidats nous sollicitent : cela va de très connus, comme le comité de soutien du président de la République ou de Jean-Luc Mélenchon, à des candidats dont j’ignorais le nom jusqu’à ce que j’ouvre mes mails. Il n’y a pas de réelle pression, on reçoit beaucoup de courriers. Mais les militants n’appellent pas tous les jours à la mairie pour demander à me rencontrer. On sent bien que les choses sont en train de s’accélérer ».

"Je ne donnerai pas de parrainage car cela reste un acte individuel"

Il a choisi de ne pas donner sa signature et défend sa position : « Je ne donnerai pas de parrainage car cela reste un acte individuel. Les gens font un lien avec la prétendue étiquette d’un maire. Pour l’instant je ne souhaite pas donner de parrainage et j’ai fait pareil il y a 5 ans. Je n’ai jamais parrainé depuis que je suis maire ». Face à la difficulté de recueillir les 500 parrainages, certains proposent de ne plus rendre publiques les signatures des élus. Sébastien Gouttebel souligne : « Si les parrainages n’étaient pas publics, cela conduirait beaucoup de maires à donner leur parrainage sans être forcément stigmatisés. Je ne sais pas s’il faut changer les choses, mais on en parle beaucoup en ce moment ».

"Il faut avoir le courage de ses opinions"

Dans l’Allier, Jean-Louis Périchon, président des maires ruraux de l’Allier, ne pense pas qu’il faille changer la règle : « Il faut avoir le courage de ses opinions ». Il estime : « L’Allier ne fait pas exception. On reçoit une avalanche de sollicitations. J’ai reçu de nombreux mails et des courriers. Il s’agit parfois de noms totalement inconnus avec des candidatures un peu farfelues. Pour l’instant, les proches des gros candidats ne sont pas encore manifestés. Ceux-là trouvent leurs signatures assez facilement et il y a peu de chances qu’ils atterrissent dans nos petites communes ». Lui non plus ne donnera pas sa signature pour soutenir un candidat : « Je ne donne pas de parrainage. Je suis très attaché aux principes démocratiques mais multiplier les candidatures contribue à créer un climat de dégoût de la politique. On est pris dans une spirale complexe car il est bon que chacun puisse s’exprimer, mais trop c’est trop. Il y a 5 ans j’avais adopté la même conduite. J’ai mes opinions mais je préfère ne pas m’engager ».
Au total, environ 42 000 élus peuvent donner leur parrainage. Lors de l'élection présidentielle de 2017, 34 % des élus avaient parrainé un candidat contre 36 % en 2012.

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