La colère gronde chez les syndicats FDSEA et Jeunes Agriculteurs du Puy-de-Dôme. La prise en charge des dégâts liés à la sécheresse, s'annonce moindre qu'ils ne l'espéraient.
La neige a beau habiller les paysages du Puy-de-Dôme, la sécheresse préoccupe toujours les agriculteurs du département. La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs se sont rassemblés devant la sous-préfecture d’Issoire ce 13 décembre, à midi.
Des dégâts "sous-évalués" ?
La cause de leur colère : l'évaluation des dégâts de la sécheresse dans le Puy-de-Dôme, par le Comité national de la gestion des risques en agriculture (CNGRA). Le Comité s'est basé sur des données satellitaires, plutôt que les données de terrain. Problème, les dégâts seraient "sous évalués" par rapport à la réalité des agriculteurs.
« Cet été, les prairies étaient de vrais paillassons, pour le Comité départemental on avait 60 % de pertes sur nos prairies, évalue Quentin Jaffuel, éleveur laitier à Manglieu et secrétaire général des Jeunes agriculteurs du Puy-de-Dôme. Le Comité national a descendu les pertes à 40 %. Dans le département, il y a même des zones qui sont déclassées : en dessous de 30 % de pertes, il n’y a pas d’indemnités.»
« Si on s’en sort, c’est parce qu’on a fait partir des vaches prématurément et qu’on s‘est dépanné en achetant notre fourrage ailleurs. Mais comment se passera l’année prochaine, si les réserves d’eau ne remontent pas cet hiver ? »
Quentin Jaffuel, secrétaire général des Jeunes agriculteurs du Puy-de-Dôme
Moins d'indemnisation
Le 24 novembre, une première carte des dégâts de la sécheresse avait été validée par le Préfet du Puy-de-Dôme et le Comité départemental. Une carte faite à partir des relevés de terrain, présentée à la Commission nationale. Pour le fourrage, les pertes étaient estimées à 35 % de la production au nord du département, à 45% au Sud-Est et à 60% à l'Ouest.
Les pertes revue à la baisse par le CNGRA, le 9 décembre. "On n'a pas encore la liste, mais des communes vont être radiées du plan calamité agricole, alerte Sabine Tholoniat, présidente de la FNSEA 63. Selon les données satellites, à l'Est du département les pertes sont estimées à 40% et dans la frange qui borde le Cantal, c'est 30% de perte. Côté Corrèze, les pertes ne seraient plus prises en compte." Avec comme conséquence : des agriculteurs moins ou plus du tout dédommagés.
Fin des calamités agricoles
Un choix de méthode qui inquiète les syndicats pour la suite. "Ça a été une grande surprise qu'il y ait autant d'écart, détaille la présidente de la FNSEA 63. On souhaite un décret d'ici la fin de l'année, pour que les expertises de terrain soient gardées en plus des relevés satellitaires, tant que la méthode n'est pas sûre."
"Nos pertes sont bien réelles, ce n'est pas de l'aumône. En pleine période inflationniste, il y a un vrai risque pour les agriculteurs."
Sabine Tholoniat, présidente de la FNSEA Puy-de-Dôme
"Lors du Sommet de l'élevage, le ministre de l'Agriculture nous avait assuré qu'on restait sur le bilan fourrager fait avec les remontées de terrain", s'indigne Sabine Tholoniat, qui craint que les relevés satellitaires deviennent la règle, avec la réforme de l’assurance récolte, prévue pour 2023. Le régime des calamités agricoles va être remplacé par les assurances individuelles et le fond de solidarité nationale (FNS). "Le schéma va reposer sur une moyenne quinquennale, il est donc d'autant plus important que les pertes soient au plus proche du terrain. "
Pour se faire entendre, les syndicats du Puy-de-Dôme ont donc appelé à deux autres manifestations en fin de journée à Ambert et Thiers. Une manifestation a aussi été organisée devant la Préfecture de la Haute-Loire. Là-bas, les données satellitaires ont fait baissé l'estimation des dégâts de 15 à 18 % .