Quentin Sicard, fondateur de la distillerie des Scories à Brassac-les-Mines, dans le Puy-de-Dôme met en avant les produits de la région auvergnate comme le genièvre, à travers des spiritueux fabriqués en local. Une idée pour recréer l’activité historique de distillerie de la région, arrêtée depuis plusieurs années.
" Distillateur de profession, à l'échelle du 63, je suis le seul aujourd’hui" explique Quentin Sicard, le fondateur de la distillerie des Scories, situé à Brassac-les-Mines. Œnologue et ingénieur agronome de formation, le Clermontois a toujours eu l’idée de revenir aux sources. " J'ai beaucoup bougé partout en France et à l’étranger. J'ai longtemps travaillé à Cognac, dans la production de spiritueux. Et depuis 2017, j'ai toujours eu envie, un jour, d'avoir ma propre production."
Revenir dans le Puy-de-Dôme, c’est faire renaître une profession et un savoir-faire historique de la région qui perdure. Il reste " quelques distilleurs ambulants qui vont de village en village pendant les saisons, pour distiller les fruits des particuliers. Mais une distillerie c'est un métier à temps complet. Ça n’existait plus. Le Puy-de-Dôme a longtemps été un territoire de vergers. On avait des vergers avec différents fruits. Et on les distillait pour faire des eaux-de-vie de fruits. Jusqu'aux années 60, il y avait un fabricant d'alambics à Clermont-Ferrand, les alambics Guillaume, fabricant réputé nationalement parce qu'il équipait les distilleries jusque dans le Calvados et un petit peu partout" narre le nouveau distilleur de la région depuis 2021.
J'ai fait faire un alambic sur mesure par un artisan meilleur ouvrier de France en Dordogne.
Quentin Sicard - Fondateur de la distillerie des Scories
L’autre raison qui a poussé Quentin Sicard à se lancer dans les spiritueux de fabrication locale, c’est son développement dans tout le pays. Pour lui, " c’est une lame de fond". " L’idée, c’est de se lancer dans cette période pour être parmi les pionniers en local."
En un an, tout s’est accéléré pour cet entrepreneur qui fait tout, tout seul, y compris la production. Création de la société, aménagement du bâtiment, élaboration de l'alambic et début de la production le 1 er janvier 2022. " J'ai fait faire un alambic sur mesure par un artisan meilleur ouvrier de France en Dordogne. J'ai poussé vraiment jusqu'au bout la démarche de création de spiritueux artisanaux et je maîtrise tout en interne."
Un gin volcanique qui commence à se faire connaître
Quentin Sicard insiste sur sa volonté absolue de se démarquer des autres gins. " Je passe par une petite coopérative à côté de Riom pour m’approvisionner en genièvre récolté à la main, dans les monts d'Auvergne. Donc il y a un boulot derrière, un coût de la main d'œuvre." Alors que selon lui, beaucoup de gins français achètent du genièvre venant de Bosnie et de Macédoine qui coûte entre 3 à 6 fois moins cher en terme de coût d’approvisionnement".
Depuis début juin, le Clermontois passe à la phase de commercialisation. Il se vend déjà pas mal à l’échelle locale : dans des cavistes sur Issoire, sur Clermont ou Riom. Mais également, dans des restaurants sur Clermont, sur Riom. Même des restaurants étoilés de la région vendent ces produits.
Ce succès, Quentin Sicard l'explique par l'authenticité de son produit. " Le gin que je commercialise en 'London gin', c'est une catégorie vraiment spécifique avec des exigences de production poussées. Et à l'échelle du Puy-du-Dôme, je suis le seul à faire un produit comme ça. C'est-à-dire qu’avec du genièvre récolté dans les monts d’Auvergne, je travaille avec l'eau des volcans, captée en réservoir de roches volcaniques. C'est un produit unique."
Les spiritueux d’Auvergne disparus sont donc en train de renaître de leurs cendres.