La ville de Saint-Brieuc a décidé d'agir pour mettre un frein au déclin du centre-ville. Ainsi, pour obliger les propriétaires à faire des travaux de rénovation, le maire utilise désormais une nouvelle arme : l'expropriation. Une menace annoncée pour éviter que de nombreux bâtiments ne tombent en ruine.
Un des immeubles de la rue Saint-Guillaume montre un état de délabrement avancé, à l'image de nombreux bâtiments du centre-ville de Saint-Brieuc. Depuis l’été dernier, un dispositif de sécurité a été mis en place pour éviter son effondrement. Situation identique un peu plus loin avec un immeuble de la Rue Houvenagle. Là, les habitants ont dû quitter les lieux, suite à un arrêté de péril pris par la mairie. Et désormais un filet de protection recouvre sa façade.
"J'ai décidé de prendre les choses en main"
Des immeubles en très mauvais état, par la faute de leurs propriétaires qui au fil du temps, n’ont pas procédé aux travaux nécessaires, pour maintenir ces bâtiments dans un état correct. Après avoir joué la carte de l’amélioration de l’habitat, avec des aides de financement de travaux à la clef, le maire, Hervé Guihard a décidé de passer à présent à la manière forte.
"À Saint-Brieuc, explique-t-il, il y a énormément d'immeubles et de commerces vides, voire avec des marchands de sommeil pour certains. Ça fait des années, depuis que je suis maire, que je discute avec ces grands propriétaires, qui détiennent presque la moitié de la ville, pour faire évoluer ça. En leur apportant de l'aide technique, des subventions et ça ne bouge pas ou très peu. Donc j'ai décidé de prendre les choses en main", affirme ainsi le maire. "Je pose sur la table le nombre d'immeubles qui m'intéressent, pour lesquels on est prêt à faire une offre de reprise, et ça s'appelle une expropriation, s'ils ne veulent pas négocier avec moi."
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Seize bâtiments ciblés, pour la plupart dans le centre-ville
Seize bâtiments, situés essentiellement dans le centre, ont été ciblés comme prioritaires. Ils vont faire l’objet d’une déclaration d’utilité publique (DUP), une procédure qui peut donc aboutir à une expropriation. "Moi, j'ai un pouvoir d'intérêt général, ajoute encore Hervé Guihard, qui me permet à terme, s'il le faut, d'exproprier. J'arrive donc en force pour négocier et ça me permet de dire à ces personnes, de mettre aux normes, de rénover, qu'on peut les aider, mais si elles ne le font pas, elles peuvent perdre leur bien."
Une initiative jugée salutaire du côté de l’opposition municipale, comme le confirme Bernard Croguennec : "vu la situation du logement à Saint-Brieuc, vu que les jeunes couples n'arrivent plus à se loger, il faut absolument avoir des mesures innovantes et un peu fermes pour essayer de libérer des logements et de réhabiliter et de remettre en état tout ce qui peut l'être dans le centre-ville."
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Avant toute expropriation, deux ans de négociations sont prévus. De quoi laisser le temps aux propriétaires concernés de réagir et d’aider à réanimer le cœur de la ville.
(Avec Fabrice Leroy)