La maire sortante de Saint-Eloy-les-Mines (Puy-de-Dôme), battue au premier tour des élections municipales, a déposé un recours en annulation devant le tribunal administratif de Clermont-Ferrand. Marie-Thérèse Sikora veut " clarifier la situation" dénonçant une campagne "calomnieuse".
Elue maire sans discontinuer depuis 2007 , Marie-Thérèse Sikora éliminé dès le premier tour des élections municipales du 15 mars dernier. Son adversaire, Anthony Palermo (Divers gauche), tête de la liste "Unis reprenez le contrôle," l'a devancé avec un écart de voix réduit à 20 bulletins. C'est pour "clarifier la situation," explique la maire sortante, qu'un recours en annulation a été déposé le 6 avril devant le tribunal administratif de Clermont, bien au delà du délai de recours habituel de 5 jours à compter de la proclamation des résultats. La crise sanitaire liée au Covid-19 a conduit le Gouvernement a prolonger ce délai.
L'effet Covid-19 sur la participation
"Nous n'aurions jamais du organiser des élections , à Saint-Eloy comme ailleurs dans des conditions pareilles" tranche Marie-Thérèse Sikora. Pour l'élue, les consignes gouvernementales pour lutter contre le risque de propagation du coronavirus ont eu un effet dissuasif sur la participation. Le premier tour de scrutin a été marqué par une forte abstention (38,85%) ."Les médecins à Saint-Eloy ont préconisé aux gens de ne pas venir, vous avez les diabétiques, vous avez des personnes qui ont des cancers , qui font de la radiothérapie, de la chimiothérapie, des gens qui ont été opérés du coeur," avance la maire toujours en exercice, en raison du report de l'installation du nouveau conseil municipal pour cause de confinement. Selon elle, les consignes de sécurité le jour du vote auraient provoqué une certaine confusion. Alors que l'écart qui la sépare du maire élu Anthony Palermo n'est que de 20 voix, elle affirme : "Il y a 21 enveloppes avec ma profession de foi. Il n'y avait pas de bulletins parce qu'on disait aux gens, amenez votre stylo à bille, amenez des gants."
Une campagne "calomnieuse"
"Le Covid a joué un rôle mais le Covid ne rentre pas dans le code électoral" A cela s'est ajouté, selon Marie-Thérèse Sikora, "la campagne calomnieuse" dont elle estime avoir faire l'objet de la part de son adversaire. " Je ne suis pas une mauvaise perdante, j'ai énormément donné pour Saint-Eloy depuis 1977 ( date de sa première élection comme conseillère municipale) et je suis très fière de ce que j'ai fait " se défend l'élue. Depuis le 25 mars, date de l'ordonnance gouvernementale prolongeant les délais de recours, "les gens sont venus me dire d'y aller, en me disant qu'on m'avait salie moi et ma famille, alors ça moi j'accepte pas " s'insurge Marie-Thérèse Sikora, pour expliquer la raison de ce recours tardif.
Un recours opportuniste ?
" Le Covid est une crise inédite, effectivement l'impact est grand" admet Anthony Palermo, le vainquer de l'élection."Cependant ça n'a posé de soucis à personne pour faire campagne, c'est un peu opportuniste de tabler la dessus. Je ne suis pas sûr que si le résultat avait été différent, l'interrogation aurait été la même" Quant aux accusations de calomnies: "Il n'y a jamais eu de calomnies, sur le fond du dossier, c'est la justice qui tranchera. Nous, on a notre conscience tranquille. C'est plus une tempête dans un verre d'eau qu'autre chose" tranche t-il. D'après certaines sources, il y aurait déjà environ 3 000 recours déposés après le premier tour des élections municipales en France. "Il faut regarder la sociologie des recours" observe celui qui est appelé à devenir le prochain maire. ,Le plus souvent "ils sont formulés par ceux qui ont perdu l'élection, je pense qu'il y a une aigreur " au regard du contexte Covid-19. "Ça peut se comprendre mais à Saint-Eloy un peu moins." conclu t-il. Avec un taux de plus de 61% de participation au premier tour des municipales, Saint-Eloy-les-Mines affiche la plus forte participation parmi les 50 villes les plus importantes du Puy-de-Dôme.