Signataire d'une tribune pour l'interdiction rapide du glyphosate en octobre dernier, la députée LREM du Puy-de-Dôme Valérie Thomas a voté dans la nuit de lundi à mardi 29 mai contre son interdiction en France d'ici 2021. Une apparente contradiction qui appelle quelques explications …
Dans la nuit de lundi à mardi 29 mai, l'Assemblée Nationale a rejeté un amendement qui proposait d'interdire le glyphosate sur le territoire français d'ici à 2021. Parmi les députés qui ont voté contre, on trouve Valérie Thomas, députée LREM de la première circonscription du Puy-de-Dôme.
Or, le 22 octobre 2017, dans une tribune publiée dans le journal "le Monde", Valérie Thomas faisait partie des 54 députés de la majorité qui demandaient une interdiction du glyphosate « le plus rapidement possible ».
Cela peut paraître contradictoire. Nous avons donc contacté Valérie Thomas pour qu'elle nous donne son explication.
La députée souhaite distinguer les deux démarches : "En octobre, j'ai signé une tribune avec un certain nombre de collègues pour mettre la pression sur la commission européenne qui voulait renouveler l'autorisation du glyphosate pour une durée de 10 ans. Hier, j'ai voté contre l'inscription dans la loi de cette interdiction dans 3 ans."
Selon la députée, il n'aurait pas été bon d'imposer cette interdiction à cette date précise : "On n'a pas souhaité inscrire l'interdiction dans la loi et graver dans le marbre cette durée de 3 ans car on sait qu'il faudra des dérogations, notamment pour certaines cultures pour lesquelles il n'y a pas de solution alternative. Il s'agissait de ne pas mettre en difficulté certains de nos agriculteurs. Je n'ai pas eu de cadeau de Monsanto ou autres comme on a pu le lire sur les réseaux sociaux !"
La députée affirme qu'elle reste cependant favorable à une sortie du glyphosate et qu'elle fait confiance au gouvernement pour cela : "L'engagement du Président c'était de sortir le plus vite possible du glyphosate en France et en Europe. Le ministre de l'agriculture Stéphane Travert a réaffirmé l'engagement de sortir du glyphosate dans 3 ans. Pour la première fois, un dialogue s'est noué avec les agriculteurs. Ce vote, c'est plus une stratégie pour ne pas fermer la porte et ne pas couper le dialogue. "
Selon Valérie Thomas, "le travail va continuer dans la concertation et le dialogue pour que dans la majorité des cas, les agriculteurs puissent sortir du glyphosate. La recherche travaille sur des alternatives. Dans un certain nombre de cultures, on arrivera à en sortir très rapidement, pour d'autres ça sera plus compliqué. On veut moduler en fonction de ce qui est possible."
Valérie Thomas indique qu'elle va rester "très attentive" à cette question. Elle n'exclut pas de voter un texte contraignant dans le futur "si les agriculteurs ne jouent pas le jeu".
[Màj 18h10] Valérie Thomas a publié un communiqué à propos de son vote :
Viser l'applicabilité de l'engagement de l'interdiction du glyphosate dans 3 ans, sans vœu pieux. Voici mon communiqué répondant aux réactions après le vote d'hier soir dans le cadre de #EGAlim @gaellombart pic.twitter.com/RChJifUHl7
— Valérie THOMAS (@Vthomas_63) 29 mai 2018