Le 1er novembre 2021, les retraites des agriculteurs vont être revalorisées pour atteindre 1035 euros net par mois. Une mesure qui concerne les pensions les plus faibles et qui va bénéficier à Gérard Groisne, ancien producteur de lait à Saint-Gervais-sous-Meymont. Témoignage.
En ce dernier dimanche d’octobre 2021, Gérard et Michèle Groisne ont invité leurs amis, Cécile et Michel Lacombe, à prendre le café chez eux à Saint-Gervais-sous-Meymont dans le Puy-de-Dôme. Tous les quatre sont retraités. Tous les quatre ont travaillé durement en tant qu’agriculteurs. Tous les quatre connaissent des fins de mois difficiles. "Comment vous faites, vous, quand vous avez besoin de quelque chose ?", leur demande Gérard Groisne. « On revend un peu quelque chose », lui répond Cécile Lacombe. Elle fait allusion à un terrain à bâtir dont elle a dû se séparer pour payer un emprunt. « Ca permet de boucher les trous quand on a des coups durs», acquiesce Gérard. Lui aussi, pour refaire le chauffage de sa maison, a dû vendre des terres. Auparavant producteur de lait, il touche 890 euros de retraite par mois. « D’habitude, ce sont les grands-parents qui aident les enfants et les petits-enfants », lâche-t-il. Michel, son ami, enchaîne : « Chez nous, c’est plutôt l’inverse, ce n’est pas normal. »
Mais demain, ce sera le 1er novembre et ces quatre retraités ont une grande nouvelle à fêter : les pensions des chefs d’exploitation qui auront fait une carrière complète seront revalorisées pour atteindre 1035 euros net par mois. Une victoire. Cela fait 15 ans que Gérard Groisne espère cette mesure. Et c’est André Chassaigne, le député communiste du Puy-de-Dôme, qui a réussi à faire passer cette loi. « C’est vrai que le Dédé…Moi, je ne vote pas communiste mais honnêtement, la dernière fois, j’ai voté pour lui car c’est le seul qui a fait quelque chose pour nous », confie l’agriculteur.
Dès la fin novembre, Gérard Groisne devrait toucher 145 euros de plus par mois : « C’est presque une fortune pour nous, vu les retraites qu’on a ! », s’exclame-t-il, avec une jovialité naturelle. « Ca représente une belle augmentation et un bon bol d’air ! Aujourd’hui, je gagne 890 euros par mois et je ne fais même pas partie des plus petites retraites ! A la limite, je fais même partie des riches ! Je connais des agriculteurs qui ne touchent que 600 euros ! »
145 euros de plus, c’est presque le montant de la complémentaire santé du couple. « C’est pas rien car une complémentaire santé, c’est important à notre âge ! », confie Gérard Groisne. Il espère aussi pouvoir s’offrir quelques sorties supplémentaires avec son épouse. Il espère pouvoir gâter un peu plus ses petits-enfants. L’homme de la terre aurait aimé voyager. Il rêve du grand large. Des croisières en bateaux. Qui resteront inaccessibles. « Mais honnêtement, on ne vit pas mal ! », temporise-t-il. « On ne va pas faire du misérabilisme. Parce qu’on se débrouille, comme on l’a toujours fait. » Pas de loyer car la maison est payée depuis longtemps. Peu de frais de nourriture car Gérard cultive ses 2000 m2 de jardin et fournit tous les légumes. « Grâce à tout ça, on arrive à s’en sortir. »
Une vie tout en simplicité dont il se contente même si la perspective d’une jolie augmentation lui donne le sourire. « C’est toujours ça de pris ! Mettre de l’argent de côté, ce n’était pas possible, on est toujours ric-rac. »
Maintenant, il attend avec impatience de recevoir son prochain versement de retraite. « Moi, je suis comme saint Thomas, j’attends de voir pour être sûr ! » s’amuse-t-il. « Et quand je l’aurai reçu, on ira fêter ça au restaurant ! », lance-t-il dans un rire.
Le prochain combat désormais : l’augmentation des retraites des conjoints-collaborateurs. Michèle, la femme de Gérard, est concernée. La proposition de loi, toujours à l’initiative du député André Chassaigne, est en cours d’étude au Parlement.