Basé dans le Puy-de-Dôme, le collectif « Eau bien commun 63 » a lancé une pétition pour une « gestion équitable de l’eau » en cas de sécheresse. Pour eux, les particuliers et la biodiversité doivent être prioritaires dans la répartition de l’eau.
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Dans le Puy-de-Dôme, une pétition a été lancée pour une « gestion équitable de l’eau » dans les périodes de sécheresse. « Face à des sécheresses qui s'annoncent de plus en plus récurrentes, il est impératif de répartir la ressource en eau de manière juste et transparente. L'arrêté préfectoral cadre « sécheresse » du Puy-de-Dôme en vigueur actuellement ne le permet pas. C'est pourquoi nous demandons sa révision sans plus attendre, et avant les pénuries d’eau hautement probables de cet été 2020, conformément à la loi sur l’eau de 2006, qui impose une répartition équitable de l’eau, respectueuse de l’intérêt général et de la préservation de la biodiversité », peut-on lire dans le texte de la pétition.
Mise en conformité avec la loi EMA
A l’origine de cette pétition, le collectif « Eau bien commun 63 ». Le collectif fondé en 2019 regroupe des organisations militantes et des syndicats d’horizons variés comme Attac 63, Extinction Rébellion, Alternatiba 63 ou encore la Confédération Paysanne. Selon Laurent Campos-Hugueney, porte-parole du collectif et membre de la Confédération Paysanne, la pétition fait suite à une décision préfectorale de reporter les travaux sur l’arrêté cadre "sécheresse " :
« Notre pétition s’axe sur 2 points essentiels : d’abord, la mise en conformité de cet arrêté avec la loi EMA sur la préservation des ressources en eau et des milieux aquatiques. Elle prévoit de donner la priorité de l’accès à l’eau à la population et à la biodiversité et seulement ensuite à l’industrie et le milieu agricole. Dans le Puy-de-Dôme, les industriels et les agriculteurs qui utilisent les nappes phréatiques ne sont pas inclus dans cet arrêté. C’est notre deuxième point. On voudrait que toutes les eaux soient prises en compte dans les restrictions, y compris les eaux souterraines », explique Laurent Campos-Hugueney.
Volvic pointé du doigt
Le collectif pointe particulièrement du doigt la société des Eaux de Volvic, filiale du groupe Danone.
« La nappe phréatique de Volvic ressort en aval et devient de l’eau de surface. En période estivale, Volvic utilise beaucoup la nappe et ça crée une baisse de niveau considérable au niveau de Mozac par exemple. Il y a des activités piscicoles en aval qui sont mises à mal, toute la biodiversité disparait. On demande qu’il y ait un contrôle indépendant des prélèvements à Volvic et pas uniquement du déclaratif, qu’il y ait une limitation des prélèvements et qu’ils passent à un mode de production moins gourmand en eau. Il faut 3 litres d’eau pour faire une bouteille d’un litre », dénonce Laurent Campos-Hugueney.
"Les prélèvements qui seront réalisés en 2020 seront inférieurs de 25% à notre autorisation préfectorale"
La société Volvic, elle, se défend de tout prélèvement abusif qui conduirait à des manques d’eau :
« Concernant les situations exceptionnelles de sécheresse, il est important de reconnaître que les principaux manques constatés par les agriculteurs, les habitants sont en eaux de surface (ruisseau, lac…) et non les eaux souterraines d’où proviennent l’eau minérale naturelle Volvic. La Société des Eaux de Volvic s'est fixé des standards élevés, au-delà des obligations réglementaires européennes, pour être à la hauteur de la responsabilité qui nous engage. Les quantités prélevées sont toujours en deçà des quantités autorisées par notre arrêté préfectoral. L’ensemble de nos collaborateurs sont sensibilisés et encouragés à proposer des plans d’actions pour réduire notre consommation en eau sur l’ensemble du procédé d’embouteillage. Par exemple, entre 2017 et 2020, nous avons fait une économie de 500 millions de litres d’eau. Les prélèvements qui seront réalisés en 2020 seront inférieurs de 25% à notre autorisation préfectorale. Par rapport à 2019, la réduction est évaluée à 15 %. »"L’Auvergne n’est plus le château d’eau de la France"
« On s’offusque de telles déclarations qui laissent penser que Volvic a une démarche écoresponsable. S’il y a une baisse des prélèvements, ce n’est pas pour faire plaisir à la population mais parce que les Eaux de Volvic ont perdu des marchés », répond le collectif. La pétition a déjà récolté plus de 2 000 signatures. Entendus par la préfecture, qui leur a indiqué souhaiter reprendre les travaux de révision de l’arrêté, les membre d’ « Eau bien commun 63 » espèrent maintenant pouvoir participer à ces travaux. Laurent Campos-Hugueney est formel, les pratiques doivent changer, les cultures doivent devenir moins gourmandes en eau et les ressources doivent être mieux préservées :
« En cas de pénurie d’eau, il faut qu’on partage la ressource. L’Auvergne n’est plus le château d’eau de la France comme elle a pu l’être auparavant. La chaleur augmente, les sécheresses sont de plus en plus importantes. On rentre dans une autre époque. »