Pour "préserver sa compétitivité" attaquée, le géant pharmaceutique Sanofi va supprimer environ 600 postes en France (2% des effectifs) dans les trois ans, via des départs volontaires : "inacceptable" pour la CGT, qui a fustigé mardi des "licenciements boursiers".
Cette nouvelle restructuration est la conséquence directe du plan d'économies d'1,5 milliard d'euros d'ici à 2018 dévoilé en novembre par le groupe, avec deux leviers: un recentrage de son portefeuille d'activités et une réorganisation de l'entreprise en cinq grandes unités commerciales.
Sanofi avait alors prévenu que "quelques centaines de postes" seraient supprimés en France "par an" pendant trois ans. Les salariés sont désormais fixés: le plan présenté mardi aux instances du personnel "pourrait conduire à la suppression d'environ 600 postes sur les trois prochaines années", selon le communiqué
de la direction.
Mais, selon les informations recueillies par l'AFP auprès de la CGT, les différents projets actent en réalité la disparition de plus de 1.100 postes au total, dont 657 actuellement occupés. Les autres postes sont vacants, notamment dans la R&D (recherche et développement), où 296 postes non pourvus vont être supprimés.
"Une telle évolution de notre organisation est nécessaire pour défendre la compétitivité de notre entreprise face à une pression concurrentielle accrue", explique le président de Sanofi France, Philippe Luscan, dans une lettre envoyée aux salariés.
Les départs se feront "uniquement sur la base du volontariat" et "essentiellement" par des "congés de fin de carrière (pré-retraites) entièrement financés par le groupe", précise Sanofi. Le groupe emploie actuellement
27.000 salariés en France (dont près de 700 sur le site de Vertolaye dans le Puy-de-Dôme) sur environ 110.000 personnes dans le monde.
Le projet, qui doit maintenant faire l'objet de négociations avec les syndicats sur les mesures d'accompagnement, ne "prévoit pas de fermeture d'usine et n'aura pas d'impact sur les effectifs de la R&D", insiste le groupe.
5.000 CDI supprimés depuis 2008
Selon la CGT et la CFDT, la filiale la plus touchée est la production pharmaceutique SWI (-400 postes occupés), devant celle des métiers commerciaux et de la visite médicale SAF (-155) et les services centraux siège SAG (-102). La réorganisation doit se faire "d'ici à fin 2017", d'après les syndicats.
Elle impliquera également selon eux le "transfert juridique" de 870 à 1.000 personnes. Mais ces transferts de fonctions support "pour mondialiser les fonctions centrales" n'auront "aucune incidence" sur l'emploi, affirme le groupe.
Pour la filiale chimie, l'évolution de l'organisation n'est pas encore connue. Elle sera présentée mercredi aux personnels. La filiale santé animale (Merial), en passe d'être vendue à Boehringer Ingelheim, n'est pas concernée, souligne le groupe.
Au fil des cessions et plans de réorganisation (visite médicale, recherche et développement...), Sanofi a supprimé ces dernières années à périmètre équivalent plusieurs milliers d'emplois en France, 5.000 CDI depuis
2008 selon la CGT. Si l'on tient compte des recrutements et acquisitions réalisés par le groupe, 1.300 emplois ont été perdus dans l'Hexagone entre fin 2008 et fin 2014.
"Ce plan n'a aucune justification économique, c'est inacceptable", "un pont d'or fait aux actionnaires", a réagi auprès de l'AFP Thierry Bodin, coordinateur CGT du groupe. Plus que jamais, il interpelle le gouvernement: "à quand une loi pour empêcher les licenciements boursiers ?"
Le délégué CGT réclame également "la suppression des crédits d'impôts pour une entreprise comme Sanofi", qui, selon le syndicat, ont "plus que doublé en six ans", pour atteindre "153 millions en 2014". "Quelle que soit la manière dont les postes vont être supprimés, personne ne sera embauché derrière (...) Cela revient à reporter la charge de travail sur ceux qui restent", s'inquiète par ailleurs M. Bodin.
Un constat partagé par la CFE-CGC qui "mettra tout en oeuvre pour que les salariés restant en poste conservent des charges de travail acceptables". "On perd encore des centaines d'emplois, alors qu'on a déjà 20 à 30% de précaires, CDD ou intérimaires", a déploré Emmanuel Maingard (CFDT).