Tout a commencé par de la fièvre, des courbatures, une perte d'appétit. Testé positif au Coronavirus COVID-19, André Chassaigne, député du Puy-de-Dôme a été pris en charge en chambre d’isolement au CHU de Clermont-Ferrand. Il nous raconte son expérience.
D'abord le doute, puis les symptômes, le test, et enfin le résultat qui tombe comme un couperet. Le 11 mars dernier, le député du Puy-de-Dôme André Chassaigne a été, à son tour, confirmé positif au Coronavirus COVID-19. Il a immédiatement été pris en charge au CHU de Clermont-Ferrand et placé en chambre d’isolement. Ses proches ont également été placés en quarantaine à leur domicile. Il a accepté de nous raconter cette expérience dont il se serait bien passé.
Avant d’être confirmé positif, aviez-vous déjà des doutes sur votre potentielle contamination ?
André Chassaigne : "Oui, je faisais partie d’une population « à risque », c’est-à-dire que l’Assemblée Nationale m’avait fait savoir que j’avais été exposé. Du personnel travaillant au restaurant et à la buvette de l’Assemblée était contaminé. J’ai été mis au courant le jeudi 5 mars, alors que j’étais retourné en circonscription. J’ai immédiatement mis en œuvre les mesures préconisées : j’ai annulé mes rendez-vous, mes réunions, mes sorties. Je me suis mis en semi-confinement pour éviter de contaminer mes proches. Je n’avais plus de contact avec personne, sauf ma famille et ma collaboratrice parlementaire, et encore, avec des précautions."
Quand avez-vous appris que vous étiez contaminé ?
André Chassaigne : "Tout allait bien, puis, le mardi suivant, j’ai développé des symptômes : j’avais 38,4°C de fièvre, des courbatures, une perte d’appétit, une grosse fatigue… J’ai appelé le SAMU, comme le veut la procédure, j’ai expliqué mes symptômes. Mercredi midi, je suis allé faire le test au CHU. Ils m’ont d’abord fait remplir des papiers, puis ils m’ont mis un genre de brosse au fond du nez pour me faire le prélèvement et ils m’ont dit que je recevrais le résultat des tests par mail dans l’après-midi, s’ils étaient négatifs. A 19h30, quand le médecin m’a appelé, je me doutais déjà de ce qu’il allait m’annoncer. Il m’a dit de faire ma valise et de venir immédiatement au CHU, alors j’ai fait ma valise, j’ai rédigé une procuration pour voter, j’ai pris mes dossiers pour pouvoir continuer à travailler et je suis parti au CHU."
Comment vous sentiez-vous lors de l’annonce de la nouvelle ?
André Chassaigne : "Je m’y attendais. Ca n’a pas été trop angoissant, je n’avais pas de symptômes très forts, je me doutais que je ne contacterais pas de forme grave de la maladie. J’espérais surtout ne pas avoir contaminé mes proches. Tous ceux avec qui j’ai été en contact dans les dernières 24 heures précédant les symptômes ont été placés en quarantaine, mais personne n’a eu de symptômes, excepté ma collaboratrice parlementaire. Elle a été testée, mais heureusement elle était négative. Dans l’état actuel des choses je n’ai contaminé personne."
Comment se passe la mise en quarantaine ?
André Chassaigne : "Dès mon arrivée au CHU, on m’a mis tout de suite en chambre d’isolement. On est coupé complètement du monde extérieur, je n’ai pas mis le nez dans le couloir. Les personnes qui rentrent dans la chambre sont toutes en combinaison intégrale avec des lunettes de protection. On ne voit que leurs yeux, je n’ai aucune idée de ce à quoi ils ressemblaient. En sortant, ils jetaient leur combinaison dans un seau, c’est assez particulier. Je crois que le plus difficile, c’est la solitude. Le personnel soignant discutait avec moi, mais ils ne pouvaient pas rester très longtemps. Malgré cela, je ne me suis pas du tout ennuyé ! J’ai répondu aux SMS, aux mails, aux appels, j’ai travaillé sur de nouveaux projets de loi. Je n’ai pas eu le temps de lire les livres que j’avais amené, je n’ai pas eu une minute à moi."
Vous a-t-on administré un traitement ?
André Chassaigne : "Non, aucun traitement, sauf pour faire tomber la fièvre quand j’en avais, du Doliprane par exemple. Il y a un suivi des symptômes très strict. Tous les jours, on fait le point avec le médecin. Aujourd’hui, la maladie est maîtrisée, je peux sortir de l’hôpital et terminer ma période de confinement à mon domicile, en respectant quelques précautions : porter un masque, désinfecter les surfaces que je touche, surveiller mon état de santé. Je téléphonerais à un médecin tous les jours pour faire le point, jusqu’à mardi prochain."
Avez-vous un message à faire passer ?
André Chassaigne : "Avant même de savoir que j’étais malade, j’ai pris des précautions et respecté les mesures barrière. Au début, ça faisait sourire mon entourage, mais finalement j’étais malade et je n’ai contaminé personne. Il faut vraiment respecter les consignes sanitaires et les mesures barrière. Mon cas prouve bien que si on applique les consignes, on peut stopper la chaîne de contamination. J’en appelle au sens civique de chacun."