Des centaines d’armes saisies chez un survivaliste du Puy-de-Dôme : "C'est un cas extrême"

Une perquisition a réservé bien des surprises aux gendarmes de Thiers (Puy-de-Dôme) et de l’Isère, mardi 31 mai. Au domicile d’un homme, survivaliste, un véritable arsenal a été découvert : plus de 150 armes blanches et des armes à feu ont été saisies.

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Un véritable arsenal a été découvert lors d’une «simple interpellation et perquisition » à Courpière, dans le Puy-de-Dôme. En arrivant au domicile du suspect, mardi 31 mai, les gendarmes de Thiers, prêtant main-forte aux gendarmes de l’Isère, ont découvert un impressionnant attirail d’armes et d’objets suspects. Les militaires ont ainsi saisi des « armes de catégorie A et B détenues illégalement et leurs munitions, 166 couteaux, machettes, haches, armes artisanales, 2 lances flammes, 3 gilets pare-balles, des boucliers et vêtements militaires, 8 téléphones portables et 134 cartes à puces prépayées, des faux billets et du matériel informatique divers ainsi que 38 cachets d'ecstasy », indiquent les gendarmes dans un post Facebook.

L’homme a été interpellé : « Au cours de sa garde à vue, l’individu reconnaît être survivaliste et détenir la majorité de ces pièces à conviction à l’exception des cartes à puce, de l’ecstasy, d’un fusil à pompe et d’un fusil 22 qui pourraient appartenir à une de ses connaissances, actuellement incarcérée à la maison d’arrêt de Riom », précisent les gendarmes. Né dans les années 60 aux Etats-Unis, le survivalisme tirait son essence des mouvances d’extrême droite et ses adeptes étaient lourdement armés. Cependant, le survivalisme comme il est majoritairement pratiqué en Europe est davantage lié à une angoisse d’ordre économique mais surtout d’ordre écologique et environnementale.

Survivre à un évènement imprévu

Pour Bertrand Vidal, universitaire spécialiste du survivalisme, accumuler des armes n’est pas un comportement surprenant : “Le survivalisme est né dans les années 70 en réaction à la peur du réchauffement de la guerre froide, voire d'attaque, d’un hiver nucléaire...Il y avait cette image du survivaliste dans son bunker qui accumulait des choses pour survivre. Il y avait aussi la possibilité d'une attaque sur le sol nord-américain. Il y a toujours eu cette tendance en fait, à accumuler des armes et des moyens de protection, mais essentiellement, le survivaliste va accumuler des vivres la plupart du temps. Le but était, pour survivre à un événement imprévu, de se cacher, se terrer.” Pour autant, dans le survivalisme moderne, accumuler des moyens de défense n’est plus si commun : “ Au fil du temps, les peurs, les angoisses survivalistes ont évolué. Désormais, ce n'est pas ce que l’on voit le plus dans la culture survivaliste. Il y a quelques temps, il y avait le salon du survivalisme qui était organisé à Paris. On n'y a pas vraiment trouvé des armes, des couteaux peut-être, ou des gilets pare-balles, des choses comme ça, mais pas toutes ces armes. En tout cas, les faux billets, je ne vois pas trop ce que ça a en rapport avec la culture survivaliste”.  

De nouvelles peurs

La crainte survivaliste du chaos est peut-être alimentée par les récents conflits, selon Bertrand Vidal : “La possibilité, ce n'est plus une attaque, bien que ce soit en train de changer avec ce qui se passe en Ukraine. Pour la majeure partie, ce sont des individus qui vont se retirer dans la campagne ou en forêt et apprendre des techniques de survie dans la nature, apprendre à faire du feu, cultiver parfois même leur jardin. Ils s'organisent dans ce qu'ils appellent les bads, les bases autonomes durables. On est dans une culture qui est fascinée par les militaires. Ils se préparent à la fin du monde tel que nous le connaissons. Ils utilisent des acronymes, il y a une fascination pour les tenues militaires.” Cependant, les symptômes ne sont aujourd’hui pas les mêmes : “Le survivalisme d’aujourd'hui n'est pas hyper armé. Il va plutôt se centrer sur une survie de l'individu dans la nature, proche des éléments et autres. Il évolue au gré des peurs collectives. Dans les années 80, certains survivalistes disaient qu'il ne fallait accumuler ni des armes, ni des boîtes de conserve, mais des métaux précieux voire même des tableaux, pour survivre aux récessions économiques. Aujourd'hui, si la grande majorité des survivalistes vont se regrouper sous l'étiquette de l'angoisse climatique, il est fortement possible que ce qu'il se passe en Ukraine et dans le reste du monde réveille d'autres peurs survivalistes, notamment la possibilité d'une attaque.” 

Le danger des autres

Si l’homme arrêté est bien un survivaliste, il s’agit donc selon Bertrand Vidal, d’un extrémiste du mouvement : "Les individus survivalistes sont des personnes qui ont une philosophie : demain sera pire. Donc il faut se préparer à tout. Il faut se préparer à tout. On est face à des individus très angoissés qui, par cette angoisse qui peuvent tomber dans une certaine paranoïa. Des survivalistes sont tellement angoissés qu'ils vont trouver des palliatifs, peut-être dans des pensées extrêmes issus de la sphère complotiste. A ma connaissance, c'est vrai que ça arrive, les faux-billets, les choses comme ça mais ce n’est pas quelque chose qui est très commun. Là, c’est un cas extrême.” En effet, certains survivalistes sont également complotistes : “Les survivalistes disent que nous sommes des assistés, nous sommes prisonniers du confort. Nous sommes dans la société de consommation. On ne pense pas, on ne réfléchit pas, on n'a qu'à consommer... On vit dans une société très paisible, mais un jour, et c'est toute l'optique du survivalisme, cette société va s'écrouler et que vont devenir tous ces assistés ? Ce sont les termes de survivalistes : que vont devenir tous ces consommateurs ? Que vont devenir ce qu'ils appellent les bisounours, les moutons ? Ils vont devenir de véritables dangers. Il faudra s'en protéger. Selon les survivalistes l'homme va redevenir un loup pour l'homme. Même les survivalistes les plus écolos ont toujours une idée qui leur trotte dans la tête comme quoi il faudra se méfier des autres.”

Accumuler des armes

Alors, pour se défendre, certains n’hésitent pas : “Certains vont dire : “Je vais me cacher le plus loin possible de la civilisation pour survivre.” D'autres vont dire : “Je vais me protéger et je vais défendre mon petit jardin que j'ai aménagé”. Ça peut passer par des pièges. Il y a beaucoup de survivalistes qui organisent leur maison avec des pièges ou des systèmes de surveillance. Mais c'est vrai que dans la culture survivaliste, si l'on redevient sauvage, barbare, pour survivre on doit accumuler aussi des armes, des munitions et savoir se défendre.” On ignore si l'individu possédait d'autres éléments liés au survivalisme.

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