Dans un endroit fermé au public et emblématique de l'histoire de la coutellerie de Thiers (Puy-de-Dôme) : les forges Mondière. Plus de 30 ans après leur fermeture, elles sont restées intactes ou presque. Voyage dans un autre temps.
C'était il y a 60 ans, mais Gabriel Bullo n'a rien oublié de ces années-là. Entre 1952 et 1960, il a travaillé ici, à Thiers, aux forges Mondière, dans la poussière et le bruit des marteaux pilons. « J’étais ajusteur-outilleur. Je fabriquais des matrices pour découper des lames qui étaient forgées», se souvient-il. Et d’ajouter : « C’était le bon temps. Le patron était un gars formidable. Les ouvriers qui travaillaient ici étaient exceptionnels ». L'usine a fermé en 1984. Mais depuis, rien n'a changé ou presque. Le temps s'est comme arrêté.
Les machines et les outils racontent les étapes de la fabrication, les crampons découpés dans des barres d'acier, chauffés et écrasés par des masses avant d'être ébavurés. Toute une histoire, blottie dans la vallée des usines
Toutes les pièces ont été inventoriées. Depuis 2002, le site est inscrit aux Monuments Historiques. Une pépite industrielle que conserve précieusement la ville de Thiers, propriétaire des lieux depuis la fermeture des Forges.
« Ce sont nos racines, c’est l’histoire thiernoise. Histoire patrimoniale, industrielle mais aussi son histoire sociale », insiste Martine Munoz, adjointe au maire de Thiers, en charge des projets structurants et du tourisme. « N’oublions pas que de très nombreuses personnes ont passé leurs vies dans ces sites et ont façonné la ville de Thiers ».
Pour des raisons de sécurité, le site est fermé au public. D'ailleurs, comment l'aménager sans le dénaturer ? La municipalité se donne le temps de la réflexion. Pour l'heure, l'urgence, c'est de conforter la toiture. Et de préserver le caractère si particulier des forges Mondière.