En France, un maire sur trois est victime de menaces ou d'injures. Un peu plus d'une semaine après la grave agression dont a été victime le maire de Saint-Brévin (Loire-Atlantique), le gouvernement veut alourdir les sanctions contre ceux qui s'en prennent aux élus. Un projet bienvenu selon le président des maires ruraux du Puy-de-Dôme.
Une porte ouverte à tous les habitants de sa commune, c'est comme cela que Sébastien Gouttebel voit son bureau, à la mairie de Murol. Le président de l’association des maires ruraux du Puy-de-Dôme souligne : « Dans les territoires ruraux, je crois que tout le monde a le portable du maire et c’est tout l’intérêt. Ce matin, j’ai eu un appel et l’administré qui me téléphonait avait raison de m’appeler de bonne heure. C’est réglé et tout va bien. C’est aussi cette proximité qu’on a choisie. On a envie de rendre service, de faire plaisir et d’aider nos concitoyens ».
Des violences contre des élus qui augmentent
Des élus en première ligne font parfois face à des gens agressifs voire violents. En 2019, le maire de Saint-Myon dans le Puy-de-Dôme est menacé avec un couteau. La même année, à Lussat, le maire est frappé par un automobiliste. Les violences contre des élus continuent d'augmenter : en France, 900 épisodes ont été recensés en 2023, selon le ministère de l'Intérieur. Sébastien Gouttebel raconte : « Le week-end dernier, on était en assemblée générale des maires ruraux à Lyon et en buvant le café, quand on discute avec les voisins, tout le monde s’est déjà fait insulter, tout le monde a quasiment déjà eu des menaces et effectivement, on voit que c’est quelque choses de récurrent ».
Des sanctions renforcées
Pour enrayer ce qu'elle qualifie de "spirale infernale", la ministre des collectivités territoriales propose d'alourdir les sanctions pour les attaques contre des élus. Des sanctions allant jusqu’à 7 ans d’emprisonnement et jusqu’à 100 000 euros d’amendes sont à l’étude. Sébastien Gouttebel conclut : « On est officier de police judicaire donc être considéré comme un policier ou un gendarme me semble totalement logique. Ce n’est que du bon sens. Mais il faut d’autres réponses, il faut aussi de la volonté. Les maires ruraux disaient aussi qu’il fallait que les maires puissent prêter serment, devant la République, devant des procureurs, devant des magistrats, pour qu’ils puissent se dire que ces gens-là ont prêté serment, pour œuvrer au bien-être de leurs concitoyens, qu’il faut qu’on leur donne des outils adaptés pour les défendre ».
Longtemps épargnés, les élus ne le sont plus, et ces violences découragent les citoyens à s'engager en politique. En 2020, une centaine de communes n'avaient pas de candidats aux élections municipales.
Propos recueillis par Julien Teiller / France 3 Auvergne