La traction animale fait son retour dans les champs. Un mouvement encore limité qui séduit de nouveaux agriculteurs lassés par la course au gigantisme et qui redécouvrent le travail de la terre avec leurs animaux.
Les agriculteurs ont été pendant longtemps dans une course à l'agrandissement, aux grosses machines. Aujourd'hui, certains ont décidé de revenir en arrière, à une agriculture plus modeste : ils s'installent sur de petites surfaces et décident de se passer de tracteur, de n'utiliser que des animaux pour le travail aux champs.
C’est le cas de Maxime Teneul, maraîcher à Blot l’Eglise dans le Puy-de-Dôme. Avant, il était mécanicien, désormais il fait pousser des légumes bio dans les Combrailles et ne veut plus entendre un moteur.
Il fait équipe avec Réglisse, un âne noir du Berry âgé de 10 ans, qui travaille depuis 3 ans après 2 mois de formation. "Quand je me suis installé, je n’avais pas forcement l’argent pour acheter un tracteur, un âne coûte beaucoup moins cher", car effectivement, son salaire, c’est du foin, et sa prime de bonne conduite, des carottes. "Un âne c’est plus calme, c’est moins puissant et ça fait moins peur quand on débute la traction animale".
La traction animale commence à revenir à la mode mais reste souvent un acte militant. Le rejet des moteurs et des grosses machines, c’est aussi ce qui motive les associés de Fumeterre, une ferme alternative en Haute-Loire, qui est allé jusqu’à remettre en service un attelage surprenant : 2 vaches. "C’est plutôt un char d’assaut" commente Mickaël Bojados, "pour tourner, il faut en faire reculer une et faire avancer l’autre, comme des chenilles".
Ça nous m’intéresse pas de travailler avec des machines qui consomment du pétrole, qui sont irréparables par un paysan, Mickaël Bojados
"On ne va pas changer le monde, mais on espère qu’il y a un maximum de personnes qui vont s’y mettre" dit Rémy Langlois. Cependant ils reconnaissent les limites de la traction animale : sur une exploitation de plusieurs centaines d’hectares, ce n’est pas adaptable à l’agriculture moderne, "mais je pense que l’agriculture moderne n’est pas adaptable à l’agriculture mondiale" conclu Mickaël Bojados.