En France comme en Auvergne, cette année, les vendanges commencent plus tôt que d’habitude. Dès la fin août pour certains pieds, normalement récoltés mi-septembre. Ces récoltes précoces risquent de devenir la norme dans quelques années, avec chaleurs et sécheresses qui reviennent presque chaque été.
Dans le vignoble de Saint-Pourçain, dans l’Allier, l’heure de la récolte a sonné. Avec un peu d’avance cette année. « Cela est dû à un hiver plus doux », explique sobrement Thierry Jaloux, président de l’union des vignerons de Saint-Pourçain. Un calendrier simplement décalé avec une pousse dès le mois de mars et une maturation avant la fin de l’été. « On fait des prélèvements. En fonction de la charge en sucre, de l’acidité et du degré d’alcoolémie, on sait quand on peut débuter les vendanges », ajoute-t-il. Ici, les premières grappes seront cueillies à la fin du mois d’août, contre mi-septembre d’ordinaire.
Une année qui s’annonce « très belle »
La période de sécheresse actuelle n’a que peu voire pas d’incidence sur ces dates avancées. « S’il ne pleut pas, cela peut être retardé. Mais il a plu au mois d’août, cela a relancé le processus de photosynthèse. Nous aurons une très belle année », se réjouit Thierry Jaloux.
Dans les vignes de l’AOC côte d’Auvergne, la musique est la même. « Il a plu 30 mm il y a quelques jours, ce qui est très bon pour les vendanges. Encore 30 mm et ce sera parfait », confie Gilles Vidal, président de l’AOC côte d’Auvergne. Dans le Puy-de-Dôme, les prélèvements n’ont pas encore été effectués. Mais la récolte devrait débuter autour du 5 septembre, trois semaines plus tôt.
Une adaptation nécessaire
En revanche, récolter le raisin dans ces conditions météorologiques, avec un mercure qui frôle parfois les 40°C, n’est pas sans conséquence pour le raisin et les viticulteurs. « Il a fallu préparer la cuverie dès le mois d’août, une période où habituellement tout le monde est en vacances », raconte Gilles Vidal. « Heureusement, notre œnologue a anticipé et cela devrait bien se passer ici. »
Les horaires de récoltes sont aussi décalés dans ces deux zones d’appellation. « C’est plus contraignant de récolter le raisin sous ces fortes chaleurs. On vendange plus tôt le matin. Il faut aussi refroidir les cuves pour maintenir le raisin entre 20 et 22°C, ce qui demande beaucoup d’énergie », détaille Thierry Jaloux.
Si aujourd’hui, la majorité des vignes est collectée mécaniquement, la cueillette manuelle perdure à certains endroits. Là encore, des vendanges précoces sont un problème pour trouver du personnel. « Comme il fait chaud, il faudrait cueillir le raisin entre 2 heures du matin et 10 heures, surtout pour le blanc », explique Gille Vidal. « De plus il est plus facile de trouver du personnel pour les périodes de vendanges normales. »
Des craintes pour les années à venir
Ces périodes de sécheresse estivale, comme celle que l’on connaît cette année, deviennent de plus en plus communes. « Depuis 10 ans, il y a de plus en plus de fortes chaleurs et de sécheresse. Le cycle de la vigne a avancé : on a des récoltes 15 jours plus tôt en moyenne », constate Gilles Vidal. La question de la gestion de l’eau devient essentielle, car la pluie pourrait manquer certaines années et les vignes ne seraient pas arrosées. L’irrigation pourrait être une solution. « Ce système est inscrit au cahier des charges de l’AOC, mais pour l’instant on ne le fait pas. »
Dans l’AOC côte d’Auvergne, la modification de ce cahier des charges pour mettre une irrigation en place est à l’étude, tout comme un système de réserve d’eau collectée en hiver. « A certains endroits, des vignes ne poussent plus et il y a peu de récoltes. Les feuilles mesurent 30, 40 cm au lieu d’1m20, les raisins ne sont pas amenés à terme », déplore Gilles Vidal.
Enfin, une dernière solution est envisagée face à la hausse de température : changer de cépage. « Tout cela demande beaucoup de travail à long terme, mais il faut se pencher dessus tout de suite. Sinon, on va droit dans le mur », avertit Gilles Vidal. A Saint-Pourçain, cette année, on prévoit de produire 6 500 bouteilles par hectare, contre 5 000 bouteilles les années précédentes. Cela représente le rendement maximal de production de l’AOC.