Le PS devrait proclamer ce dimanche soir 18 octobre les premiers résultats de son "référendum" sur l'unité de la gauche aux régionales de décembre, mais le bilan s'annonce d'ores et déjà plus que mitigé, entre soupçons de "bourrage" d'urnes et participation limitée. Ambiance, à Grenoble.
Le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis avait déjà peiné à convaincre de l'utilité d'une consultation en faveur de l'unité du PS et des écologistes aux régionales, alors que le rassemblement ne fait guère de doute au second tour; il a dû affronter depuis vendredi une avalanche de railleries et de soupçons sur la fiabilité du scrutin.
Dès vendredi, à l'ouverture du vote sur internet et dans les urnes, des journalistes avaient mis en lumière les failles d'une consultation très peu sécurisée (pas de contrôle de l'identité des votants, pas de code confidentiel...) en votant par exemple dix fois avec des adresses mails différentes. Des blagueurs se sont également amusés à faire voter... la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Emmanuelle Cosse, ou le journaliste Edwy Plenel, qui ont dénoncé sur Twitter un "bourrage des urnes", voire un "foutage de gueule".
Le PS a répliqué en annonçant samedi une plainte contre X pour "faux et usage de faux" et "usurpation d'identité", plainte qui sera déposée après la fin du vote, a précisé dimanche un porte-parole. Vendredi, la rue de Solférino avait rappelé que la consultation était fondée avant tout sur la "confiance", à l'instar d'une pétition ou d'une votation citoyenne.
Sur le terrain, la Haute autorité éthique (HAE) du PS ne dispose que de 68 relais censés contrôler 2.500 points de vote, dont la mission "prioritaire" sera de vérifier le respect des recommandations de la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés).
Le Premier ministre Manuel Valls, qui a voté samedi à Evry, est venu à la rescousse du premier secrétaire. "Il y a toujours sur le net des plaisantins ou ceux qui sont mal intentionnés qui cherchent à détourner le vote", a-t-il reconnu, avant d'indiquer avoir "toute confiance dans les capacités de Jean-Christophe Cambadélis à bien organiser ce vote".
Pendant tout le week-end, les fédérations ont organisé aux quatre coins du territoire des opérations de vote physique, comme à Grenoble. Sur le campus, la voie publique et les marchés, une quarantaine de bureaux de "vote mobile" avait été mise en place.
Reportage de Nathalie Rapuc, Vincent Habran & Laetitia Di Bin