Jewad Alkhaznawi est arrivé en France il y a prés de 10 ans en tant que réfugié politique. Il a fui les persécutions dont il était victime dans son pays d'origine. Aujourd'hui, il est marié, père de famille et commerçant à Montluçon. Il nous raconte son parcours.
Il y a 10 ans, Jewad Alkhaznawi ne pensait sans doute pas qu'il vivrait un jour une vie de père de famille en Auvergne. Il y a 10 ans, Jewad était en Syrie. Kurde, il a du fuir pour échapper aux persécutions du régime.
"Quand on décide de fuir, c'est à cause de tout un contexte. Il y a des arrestations, des tortures dans les prisons … Ma famille entière a été attaquée, ils ont tué six personnes de la famille. Ils voulaient détruire toute notre histoire, et toute la famille est partie …"
Un voyage payé 10.000 $
A l'époque, le passeur lui a réclamé 10.000 $ pour faire le voyage vers l'Europe. Une fois en France, Jewad a appris la langue, fait des formations, vécu de petits boulots dans plusieurs villes et rencontré Caroline, montluçonnaise d'origine avec qui il est aujourd'hui marié : "il a tout fait tout seul, il s'est battu seul, il est allé chercher les papiers seuls, il s'est inscrit seul à l'AFPA … Il a fait beaucoup de choses seul !"Quand il a pu trouver un local, Jewad s'est lancé dans le commerce ... Aujourd'hui, il tient un restaurant de kebabs à Montluçon. C'est assez éloigné de ses études en Syrie où il étudiait la gestion à l'université mais ses 3 ans d'études sont difficiles à faire reconnaître en France. "Pour pouvoir se justifier à l'étranger, il faut le diplôme original. Mais le diplôme est en Syrie et on ne peut pas l'avoir !"
"On part quand on ne peut plus, quand on sent qu'il n'y a plus d'espoir"
Aujourd'hui, Jewad est pessimiste sur l'avenir de son pays d'origine. Selon lui, les frappes aériennes annoncées cette semaine ne résoudront pas la situation … Il espère une intervention plus active des Occidentaux pour rétablir la paix sur place. En attendant, il espère que l'Europe accueillera ceux qui fuient. "On part quand on ne peut plus, quand on sent qu'il n'y a plus d'espoir" explique-t-il. "Quand un réfugié arrive, on lui demande pas si il est syrien, si il est algérien, marocain, catholique, chrétien ou juif … Quelqu'un qui fuit la guerre, on traite sa situation !"Le statut de réfugié permet aujourd'hui à Jewad de construire sa famille loin des combats. Il y a trois mois, il a obtenu la nationalité française, prés de dix ans après son arrivée dans le pays. "Pour moi la France, ce n'est pas une personne qui ouvre juste les bras. La France te donne les bonnes conditions et c'est à toi de faire ta propre vie. On demande pas à un régime ou à un pays d'être la maman, on lui demande de créer des lois qui donnent sa chance à chacun et chacun arrive où il peut avec son travail ! C'est ça le plus important : donner sa chance à chacun !"