Relever le défi du NaNoWriMo ou comment écrire un livre en un mois

Près de 240 auteurs amateurs d'Auvergne-Rhône-Alpes ont jusqu'à ce lundi 30 novembre minuit pour écrire un livre. Ils participent au "National Novel Writing Month" ou NaNoWriMo, un challenge d'écriture international. Objectif : réussir à boucler un roman d'environ 200 pages en un mois. 

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Agathe a 32 ans. Elle vit à Annecy et est ingénieur dans le domaine de l'alimentation animale. Laëtitia a 25 ans. Elle est diplomée de l'Institut de Géographie Alpine de Grenoble et cherche un emploi dans le secteur de l'environnement et de la gestion des risques.

Point commun ? Elles aiment raconter des histoires, passer des heures à noircir des pages à l'encre de leur imagination, tout en évoluant dans des univers parallèles.

Celui d'Agathe est peuplé de chevaux de feu aux dons télépathiques, de créatures fantastiques et de dragons, d'humains plongés dans un monde post-apocalyptique.

Celui de Laëtitia est un monde réaliste dans lequel évoluent des adolescents aux prises avec les questionnements de leur jeunesse. 

Près de 240 participants en Auvergne-Rhône-Alpes

Toutes deux écrivent depuis l'enfance, et depuis 2010, elles participent chaque année au NaNoWriMo, un  challenge d'écriture lancé aux Etats-Unis en 1999.

Le défi est impressionnant : réussir à écrire un roman en un mois, plus précisément 50 000 mots, au minimum.

Les fondateurs du challenge ont pris comme référence "Le meilleur des mondes" d'Aldous Huxley, une dystopie de 50 000 mots tout juste (en anglais).

"J'écris un peu tout le temps, toute l'année", explique Agathe. "Mais j'aime beaucoup le NaNoWriMo parce que c'est un événement international. Il y a beaucoup de gens qui participent, et il y a quand même une sorte d'émulation. On s'encourage mutuellement"

Des "guerres de mots" pour réussir à avancer

Les deux jeunes femmes comptabilisent chaque jour le nombre de mots écrits, comme les 240 participants d'Auvergne-Rhône-Alpes. Ils sont plus de 800 000 dans le monde.

Agathe et Laëtitia participent également à des ateliers d'écriture comme ces "words wars", des "guerres de mots", qui consistent à écrire le plus de mots possibles en vingt minutes.

Les autres années, ces ateliers avaient lieu dans des cafés à Grenoble par exemple, ou chez l'un des participants. En 2020, crise sanitaire oblige, tous se retrouvent en ligne lors de soirées d'écriture les vendredis et les samedis du mois de novembre.

Il n'y a pas de gagnant, pas de récompense, pas de promesse de publication. Le challenge permet surtout de ne plus se sentir seule face à son clavier.  

Pour Laëtitia, "c'est vraiment de retrouver des gens et de pouvoir parler avec eux d'écriture" qui compte le plus dans ce challenge, même si, les premières années, cela l'a surtout aidé à réussir à atteindre les 50 000 mots. 
 

Le NaNoWriMo, c'est surtout s'encourager à écrire, se lancer un défi à soi-même et un défi face aux autres.

Agathe Roméo, dixième participation au challenge d'écriture



"Ce n'est pas quelque chose dont je peux parler avec mes proches dans la vie de tous les jours, généralement ça ne les intéresse pas énormément...et du coup, trouver des gens dont c'est aussi la passion et de pouvoir partager nos galères, de pouvoir s'encourager entre nous, c'est vraiment motivant", renchérit-elle.

Dans la bibliothèque de Laëtitia, on trouve des livres de Kundera, Boris Vian, Gabriel Garcia Marquez, Henry Miller ou Anaïs Nin. Des auteurs dont elle s'inspire pour écrire des journaux intimes fictionnels.

"On a toujours peur de se répéter dans un journal, donc cela me permet de voir comment eux ont organisé leurs oeuvres pour que ce soit intéressant du début à la fin".
 


"Ce que j'aime bien dans ce défi, c'est d'être obligée d'écrire, d'être rapide. Je sors ce qui me vient, sans réfléchir à la longueur de la phrase. Parfois cela permet de sortir de belles choses, de manière plus spontanée", ajoute Agathe.

La jeune trentenaire sait cependant qu'il faut ensuite faire le tri. "NaNoWriMo, c'est s'encourager à écrire. Pour ce qui est de la qualité, ça va être un travail tout au long de l'année, pour prendre le temps de réfléchir, me poser les bonnes questions".

Cette année elle écrit une "fan-fiction" : un récit qui s'incrit dans l'univers d'un auteur déjà bien connu, comme si elle décidait de créer un nouveau personnage et une nouvelle histoire dans l'école de sorciers d'Harry Potter par exemple.

"De l'eau pour les éléphants" de Sara Gruen, succès d'édition

Un texte riche de clins d'oeil et de références qu'elle réserve à ses amis. "Le plaisir que me procure le NaNoWriMo, c'est de pouvoir essayer plein de choses et de tester de nouveaux univers". 

Avant même la fin du challenge, les deux jeunes femmes -qui écrivent depuis l'enfance- ont déjà relevé le défi des 50 000 mots.

Mais tous n'en sont pas là.

D'après Sandrine Parlant, galeriste à Clermont-Ferrnand, "Nanoteuse" qui chapeaute bénévolement les inscrits d'Auvergne-Rhône-Alpes, 33 auteurs amateurs avaient, ce samedi, réussi à atteindre l'objectif.

Pour les 206 autres participants, il reste quelques heures pour mettre les bouchées doubles. 

La plupart d'entre eux rêvent de faire de leur passion un métier. Tous ont en tête la sucess story de Sara Gruen. Cette autrice canadienne a vu son roman écrit pendant un NaNoWriMo devenir un best-seller. "De l'eau pour les éléphants", publié en France chez Albin Michel puis en Livre de poche a même été adapté au cinéma. 
 
Laëtitia, elle, ne cherche pas à être publiée. "L'écriture est un bout de ma vie, ce n'est pas toute ma vie", dit-elle. 

Des autrices de la région publiées suite au NaNoWriMo

Agathe, elle, a bien conscience "qu'il est très difficile de vivre de sa plume". Pour autant, elle a réussi à taper dans l'oeil de deux petites maisons d'édition. 

Si elle a de nombreux manuscrits dans ses tiroirs, aucun n'a encore été édité. Le premier opus sortira au mois de février 2021 chez Rebelle éditions : une histoire de fantômes et de dame blanche. 

Un texte qui n'a pas été écrit pendant un NaNoWrimo mais ce challenge "m'a permis de débloquer des choses, de me donner confiance en moi, de me convaincre que j'étais capable d'écrire un roman".

D'autres auteurs en devenir d'Auvergne-Rhône-Alpes ont eux aussi réussi à séduire des éditeurs, à l'instar d'Elodie Serrano dont "Cuits à points" est paru début 2020 aux éditions ActuSF.

"Sonate au Clair de Lune" d'Elodie Lemaire, un projet NaNo de 2014 a lui été publié en 2017 aux Editions du Petit Caveau et "Ante Mortem", son projet 2015 sortira en 2021. 
 
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