Arrêté à la frontière entre l’Inde et le Népal pour détention de faux billets, Renaud Meyssonnier vient de passer 7 mois et 24 jours dans les prisons du Népal. Il a été gracié en mai par la présidente népalaise. Il vient de rentrer chez lui à Monistrol-sur-Loire en Haute-Loire. Interview.
Lorsqu’il est parti de chez lui, sac au dos le 11 mai 2015 pour son tour du monde, Renaud Meysonnier ne pensait pas que son retour en France serait aussi… médiatique !
Le jeune voyageur a été arrêté le 17 octobre l’an dernier alors qu’il venait de régler les frais pour son visa d’entrée au Népal avec des faux dollars. Il avait juste commis l’erreur de faire du change dans la rue peu de temps auparavant.
Et il avait aussi sur lui des billets d’offrande, fictifs, qu’il s’était procuré juste comme souvenir de voyage.
A partir de là, Renaud va passer trois semaines en garde à vue, les plus difficiles de toute sa détention au Népal, puis il sera condamné par deux fois, en novembre 2015 et en mars 2016 en appel, à un an de prison ferme et à une amende.
Pendant tout ce temps, à Monistrol-sur-Loire, une forte mobilisation s’organise pour soutenir Nadine et René ses parents.
Deux sénateurs (Olivier Cigolotti et Olivier Cadic) s’investissent également beaucoup pour la cause du jeune homme, ainsi que l’ambassade France au Népal, très active pour faciliter la libération de Renaud.
Jusqu’à la grâce accordée par la présidente népalaise Bidhya Bhandari à l’occasion de la fête nationale du pays le 28 mai dernier.
France 3 : Renaud, comment allez-vous ?
Renaud Meyssonnier : Je suis reposé, soulagé aussi de retrouver la liberté mais je suis encore un peu perdu. Il y a un temps d’adaptation quand on rentre en prison, la sortie c’est pareil. Il faut que j’atterrisse, que je retombe sur mes pattes !
Qu’est-ce qui a été le plus dur durant ces presque 8 mois de détention ?
En fait, le plus dur ce sont les trois premières semaines, durant ma garde à vue, au Sud du Népal près de la frontière indienne. Nous étions 20 à 25 dans une cellule de 25 mètres carrés ! Il fallait se relayer pour dormir à tour de rôle ! Et puis j’avais le stress du jugement à venir.
Une fois votre peine prononcée, ça a été différent ?
Je suis resté dans la même ville de Bayawa, dans une petite prison de 120 détenus, avec une cour, on pouvait voir le soleil, ça a duré cinq semaines avant mon transfèrement à Katmandou. C’est alors que j’ai eu connaissance de toute la mobilisation pour moi en France et ça a changé ma vie en prison !
Vous avez toujours été bien traité en prison ?
J’ai vu un peu de maltraitance lorsque j’étais en garde à vue mais personnellement j’ai toujours été bien traité. Ensuite je n’ai jamais vu de bagarres en prison, il n’ y avait pas de gardiens, ce sont des prisons autogérées en quelque sorte avec des prisonniers comme surveillants. Ca se passe bien malgré le surpeuplement. Je n’ai pas vu de violence ou de torture.
Vous avez toujours gardé le moral ?
Quand je suis arrivé en prison, c’était dur forcément la première semaine mais les népalais m’ont soutenu à leur manière. Ensuite quand mes parents sont arrivés, j’avais le soutien de la France, de l’extérieur, c’était plus facile. Je n’ai pas fait de vraie déprime, les soutiens m’ont beaucoup aidé.
Cette épreuve vous a changé ?
Je ne mesure pas encore ; mais je suis plus patient. Nous étions tassés les uns sur les autres, avec des cultures différentes, ce sont des gens bruyants qui n’ont pas la même notion du respect que nous, j'ai appris à être plus tolérant. Avant la prison, je me noyais dans un verre d’eau, maintenant, j’ai vécu une vraie galère, je ne vais pas me laisser abattre comme ça !
Quels sont vos projets aujourd’hui ?
Je vais atterrir un peu, rencontrer ceux qui m’ont écrit et soutenu, qui ont donné du temps et de l’argent. Je compte ensuite repartir après l’été, reprendre mon projet initial de tour du monde. J’ai aussi un projet : j’ai beaucoup écrit en prison, ça m’a permis de tenir. Je suis athée, je ne priais pas mais écrire c’est comme une religion, c’était mon rituel, ça m’aidait à savoir où j’en étais pour prendre les bonnes décisions. En tout, j’ai rempli une dizaine de cahiers, alors pourquoi pas sortir un livre ? Mais si je repars vite ce sera compliqué, on verra.