Dans le cadre des 25 ans de Chroniques d’en Haut, Laurent Guillaume vous embarque pour un voyage exceptionnel sur l’île de la Réunion. Après avoir découvert l’intérieur de l’île, le cirque de Mafate et le sommet du Maïdo dans le premier volet, nous partons à la découverte de l’un des volcans les plus actifs du monde, le Piton de la Fournaise !
À peine débarqué de l’avion, la nouvelle tombe : le Piton de la Fournaise vient d’entrer en éruption ! Pour moi, métropolitain passionné par les déchaînements de la nature, c’était l’un des plus beaux cadeaux que pouvait nous faire le volcan. Sur la route qui traverse le Grand Brûlé, au sud de l’île, entre Saint-Philippe et Sainte-Rose : c’est l’effervescence.
Comme à chaque éruption, les Réunionnais et les touristes se donnent rendez-vous dans un joyeux chaos, qui avec son transat, qui avec son barbecue, lunette astronomique ou jumelles pour mieux voir depuis la côte le rougeoiement de la lave qui commence sa lente descente vers l’océan. Plus la nuit tombait, plus la coulée devenait visible, et l’ambiance festive…
Le piton de la Fournaise, emblème de la Réunion
Car le piton de la Fournaise, emblème de la Réunion sur son drapeau, est un totem qui fédère l’identité des insulaires. Et si le piton des Neiges, volcan à l’origine de la naissance de l’île, est apaisé depuis longtemps, son voisin est l’un des volcans les plus actifs au monde.
Une à deux fois par an, il déverse sa lave tranquille le long de ses flancs dans un spectacle fascinant qui ne laisse pas indifférent. La plupart du temps, ces éruptions se font dans ce qu’on appelle "l’enclos", une caldeira entourée de hautes falaises qui canalisent les fleuves de lave dans une zone totalement inhabitée. Mais parfois, le volcan en décide autrement… Témoin cette éruption gigantesque qui a traversé le village de Sainte-Rose en 1977, évitant la petite église, et terminant sa route sous l’océan en agrandissant un peu le territoire de l’île.
Un volcan hautement surveillé
C’est pour cette raison que le volcan est hautement surveillé. L’observatoire du volcan, au Tampon, est chargé de scruter les moindres mouvements de cette zone sensible, et de prévenir les autorités de l’imminence d’une éruption. Pour les nombreux scientifiques qui travaillent ici, le Piton de la Fournaise est un formidable terrain d’expérimentation et de recherche, grâce à ses éruptions fréquentes. De type Hawaïennes, elles se caractérisent par des coulées de lave visqueuse. Il n’empêche que les émanations de gaz et les projections à proximité de la faille éruptive peuvent être mortelles…
Jean-François Bègue est photographe et amoureux de "son" volcan. Tout petit déjà, il accompagnait son père au plus près des coulées de lave. Cette fascination n’a jamais faibli.
Le volcan, c’est un ancrage pour moi et pour tous les Réunionnais. Je ne suis pas volcanologue de formation, mais j’ai appris sur le tas, à force d’échanger avec les anciens et les scientifiques. Ici, lors d’une éruption, on ressent le battement du cœur de la Terre. Le spectacle est total, le son, l’odeur de soufre et la lumière rougeoyante qui illumine le ciel austral.
Jean-François Bègue
Jean-François nous emmène marcher dans la plaine des Sables. Un lieu irréel où la terre est rouge comme sur Mars. Les nappes de brouillard qui vont et viennent révèlent l’ombre diaphane des statues de lave pétrifiée. Au hasard d’une éclaircie, un rayon de soleil illumine la bruine d’un arc-en-ciel surréaliste. Le moment est intense. Jean-François, lui, ne s’en étonne pas. Il monte tous les jours sur les pentes du volcan, muni de son appareil photo, pour en immortaliser les multiples visages.
Un tunnel de lave datant de 23 000 ans
Si la plaine des Sables est éclatante de couleurs, entre le rouge, le jaune et le vert de la végétation alentour, les entrailles du volcan nous plongent dans l’univers des décors du film "Alien". Sur les hauteurs de Saint-Pierre se trouve un souterrain secret que les initiés (ou les accompagnés) peuvent visiter. Un tunnel de lave qui révèle toutes les nuances des couleurs sombres, du gris acier à la brillance de la lave vitrifiée… L’explorer en compagnie de Rudy Laurent, spéléologue, est un voyage de 23 000 ans dans le passé volcanique de l’île.
Contrairement à nos grottes karstiques, où les stalactites mettent des millénaires à se former : ici, tout s’est passé très vite lorsque le tunnel s’est vidangé et que la lave s’est immédiatement refroidie, créant ainsi des formes et des structures aux multiples nuances de noir. Un autre trésor caché de la Réunion.
Pas étonnant que le volcan soit devenu l’emblème de cette île. Il fédère même l’identité de ses habitants au tempérament volcanique et chaleureux. Les Réunionnais nous ont merveilleusement accueillis ! Et comme au terme de toute histoire qui se finit bien : ils ont organisé pour nous un banquet créole, avec Rougail, Cari, Samoussa, vanille Bourbon et rhum arrangé. Même dans la cuisine, la diversité de cette île s’exprime avec ferveur !
>> "La Reunion, vivre sur un volcan" un magazine de 26 minutes présenté par Laurent Guillaume, réalisé par Xavier Blanot, diffusé le dimanche 8 octobre à 12H50 dans "Chroniques d'en Haut" sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes
À revoir en REPLAY dans cet article et sur france.tv