La justice a interdit à Mediapart de publier de nouvelles informations sur le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau. Après les précédentes révélations de chantage présumé à la vidéo intime, le média dénonce une "censure préalable sans précédent".
Une ordonnance du tribunal judiciaire de Paris a été rendue en urgence vendredi 18 novembre, à la demande de M. Perdriau, selon Mediapart.
Elle interdit aux journalistes de Mediapart de publier de nouvelles informations à propos de l'affaire du chantage à la vidéo intime à la mairie de Saint-Etienne.
"C'est une décision sans précédent de mémoire de juriste et de journaliste", a déclaré à l'AFP le directeur de la publication de Mediapart, Edwy Plenel. Selon lui, cette décision découle d'une "procédure très exceptionnelle" qui ne s'est "jamais vue sur le terrain de la presse".
Invité sur notre antenne de France3Rhône-Alpes, Edwy Plenel a exprimé à la fois sa surprise et son incompréhension devant cette décision de justice.
"Mediapart n'était pas informé de cette procédure et l'ordonnance a été prise par une juge sans que notre journal ait pu défendre son travail et ses droits", dénonce M. Plenel dans un billet publié lundi 21 novembre par Mediapart.
"Elle nous enjoint" de ne pas publier "de nouvelles révélations sur les pratiques politiques du maire de Saint-Étienne, appuyées notamment sur les mêmes enregistrements qui nous ont permis de révéler le scandale du chantage à la sextape dont a été victime son premier adjoint centriste, Gilles Artigues", poursuit M. Plenel.
10.000 euros par extrait publié
Selon le texte de l'ordonnance, Mediapart devra verser "10.000 euros par extrait publié". D'après Mediapart, M. Perdriau a invoqué "une atteinte à la vie privée" pour demander à la justice la non-publication de cet article.
Le journaliste auteur de l'enquête l'avait au préalable sollicité pour avoir sa position sur les "faits nouveaux" que devait relater l'article.
Selon M. Plenel, ces faits "mettent en cause les pratiques du maire de Saint-Étienne, notamment dans le recours à la rumeur comme instrument politique". "Cette fois, leur victime est une personnalité notable de la droite, Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes", ajoute-t-il.
"Nos avocats mettent en oeuvre tous les recours juridiques possibles pour mettre fin rapidement à cette censure", souligne M. Plenel, en faisant le parallèle avec une autre décision de justice prise début octobre par le tribunal de commerce de Nanterre.
Poursuivi par le groupe Altice pour avoir publié des articles basés sur des documents volés par des pirates informatiques, le site d'information Reflets s'est vu interdire d'en faire paraître d'autres. L'audience d'appel aura lieu mercredi à Versailles.
Avec AFP