L'Etat fait la chasse aux armes illégales. Afin de recenser celles qui ne le sont pas et de détruire des armes "dormantes", les gendarmeries organisent depuis vendredi et toute cette semaine une opération de procédure simplifiée. A Villefranche-sur-Saône, ont été récoltées plus de 350 armes.
Gilbert s’avance dans la file devant la gendarmerie. Dans ses mains, plusieurs étuis à armes longues, dont celui d’un fusil de chasse ayant appartenu à son père décédé en 2011. C’est une collecte particulière comme il y en a peu. Des armes qui dormiraient dans nos placards, des armes que l’on a oubliées, qui sont entrées dans nos vies sans qu’on le demande. Depuis le 25 novembre et jusqu’au 2 décembre, la population est appelée à déposer les armes ! Car en France, comme le rappelle le ministère de l’Intérieur à l'origine de cette « opération d’abandon simplifié d’armes à l’État », s'il y a près de cinq millions de détenteurs légaux d’armes, ils seraient au moins deux millions à détenir des armes sans autorisation administrative.
Dans les placards, dans les granges
Ces armes dormantes, l’Etat veut leur donner la chasse. Pour éradiquer un parc de fusils et autres armes de poing qui peuvent se révéler dangereuses selon les mains dans lesquelles elles atterrissent. Dans la région, le « dispositif simplifié d’abandon » consiste à remettre ces armes dans des gendarmeries ou dans des commissariats. L'avantage de cette collecte nationale pour les détenteurs illégaux : pouvoir se dessaisir des armes et des munitions auprès des policiers et gendarmes sans formalités administratives.
A Villefranche-sur-Saône, près de 400 armes ont été déposées à la gendarmerie en quatre jours. La plupart sont des fusils de chasse et des armes de poing, désormais entreposées dans un "armodrôme". Viennent avec ces armes principalement des personnes âgées, détaille un gradé qui gère l’opération. Cela correspond aussi à la volonté sécurisation des familles dont les petits enfants ont tendance à aller fouiner un peu partout, reconnaît un grand-père consciencieux.
Une arme reste dangereuse
Pour les gendarmes, il s’agit de s’assurer que ces armes ne se retournent pas contre les forces de l’ordre. Lorsque, par exemple, elles interviennent dans le cadre de violences intra-familiales, lors d’un conflit. Dans les faits, cette collecte vise d’abord à répertorier les armes tombées dans l’escarcelle d’une famille par héritage. La priorité : les enregistrer si ce n’est pas le cas. Un gradé prend un fusil 22 long rifle dans les mains, s’assure que la chambre est vide. « On vérifie que l’arme ne soit pas chambrée, c’est-à-dire qu’il n’y ait pas de projectile à l’intérieur de la chambre. Puis on regarde le numéro de série, car chaque arme en possède un. Et on l’enregistre dans notre fichier d’armes récupérées. » L’un de ses collègues manipule un révolver.
Il y en a assez peu, mais ce qui le surprend le plus c’est le nombre d’armes collectées en quelques jours à peine. Preuve que la campagne d’abandon simplifié était utile. Pour autant, les armes détenues illégalement sont légion. Le service central des armes estime leur nombre compris entre deux et huit millions.