En lieu et place du Salon de l’Agriculture, annulé cette année, 6 fermes paysannes ouvrent leurs portes au public ce week-end dans le Rhône. L’occasion pour les paysans de "se réapproprier la communication de leur métier" selon Samuel Richard de la Confédération paysanne du Rhône.
"Le salon de l’agriculture je n’y vais pas car je ne m’y sens pas représentée" explique Julie Lièvre Morel, qui produit des fruits rouges et des plantes aromatique. Alors, lorsqu’elle apprend que la Confédération paysanne du Rhône lance l’initiative "Le salon à la ferme" (27 février - 7 mars) pour remplacer le Salon de l’Agriculture annulé en raison de la crise sanitaire, cette arboricultrice décide d’ouvrir sa ferme Les Sauvages, près de Tarare dans le Rhône, au public. "C’est l’occasion de pouvoir montrer comment on travaille en agriculture paysanne et d’engager une discussion sur la biodiversité" raconte-elle.
Un salon qui se sert de l’image de l’agriculture paysanne
Une position que comprend Samuel Richard, animateur à la Confédération paysanne du Rhône. Le Salon de l’Agriculture est "un lieu où l’on se retrouve coincé entre les stands géants de grandes marques" raconte celui qui coordonne l’initiative dans le département. "On se sert de l’image de l’agriculture paysanne pour faire de la communication mais certainement pas pour la développer», dénonce-t-il. «C’est un peu le salon du Greenwahsing. Ça manque d’authenticité".
Mathieu Demarest, éleveur de chèvres et viticulteur à Savigny, près de l’Arbresle dans le Rhône trouve aussi que l’occasion est belle : "Le salon, c’est une vitrine, on ne voit pas l’envers du décor". Lui aussi va ouvrir sa ferme pour montrer au public que l’on peut développer une agriculture "plus durable, plus autonome, et à échelle humaine". En faisant cela, il souhaite montrer au consommateur, de plus en plus demandeur de ce type d’agriculture, qu’acheter de produits issus de l’agriculture paysanne, c’est "faire un acte positif".
Une agriculture plus pérenne
Mais au-delà de ça, Mathieu souhaite surtout démontrer que seule l’agriculture paysanne s’avère pérenne. "A Savigny, 3 agriculteurs laitiers non paysans ont cessé leur activité, et pas parce qu’ils partaient à la retraite", raconte-il. "Lorsque l’on se lance dans l’agriculture intensive, on se retrouve à devoir faire de lourds investissements que l’on doit amortir en investissant toujours plus, cela ne s’arrête jamais" explique celui qui a repris l’exploitation familiale il y a 13 ans et qui a toujours conservé un mode d’agriculture paysanne.
D’autant plus qu’en privilégiant ce type d’agriculture, "on n’est pas dépendants des marchés, on reste maître de notre production" rajoute Julie Lièvre Morel qui vend tous ses produits elle-même dans un rayon de 20 km.
L’initiative de ce week-end sera une occasion pour eux de défendre leur vision de l’agriculture, et de "se réapproprier la communication sur leur métier, quand le salon de l’agriculture est habituellement accaparé par l’industrie agricole" rappelle Samuel Richard. D’autant plus que les rhodaniens auront le choix. "Il y a en a pour tous les goûts, de l’élevage au maraîchage en passant par la viticulture, à l’image de la diversité paysanne historique que l’on retrouve dans notre département" conclut-il.
Les curieux auront un argument de poids pour se déplacer dans les fermes locales : le beau est prévu ce weekend dans le Rhône.