La famille d'Anne-Laure Moreno, l'une des victimes de l'accident du cours Vitton, saisit le Conseil supérieur de la magistrature à propos du travail du juge d'instruction. Elle estime qu'il n'a pas respecté les règles éthiques et qu'il n'a pas voulu la recevoir, restant sourd à sa souffrance
Le bras de fer continue. Au coeur du contentieux , le travail mené par le juge chargé d'instruire l'accident du cours Vitton qui avait fait un mort et un blessé à l'automne 2016. La famille d'Anne-Laure Moreno, la jeune femme qui a perdu la vie, vient de saisir le Conseil supérieur de la magistrature. Elle réclame des sanctions disciplinaires à l'encontre du juge Patrick Audugé qui vient de boucler le dossier sans même l'avoir entendue .
Un premier épisode de l'affrontement entre le juge d'instruction et la famille Moreno s'est joué il ya quelques semaines devant la chambre d'accusation. Il s'agissait de contester les conclusions du juge qui n'avait retenu que la seule responsabilité du conducteur, un jeune homme qui avait grillé plusieurs feux rouges, qui roulait à vive allure et sans permis. L'enquête avait révélé qu'il était par ailleurs en état d'ébriété au moment des faits. Une circonstance aggravante.
Aux côtés de la famille, le procureur de la République introduisait un réquisitoire supplétif . Il réclamait à son tour un nouvel examen du dossier d'instruction, en l' élargissant aux autres protagonistes de l'accident. La chambre de l'instruction avait en définitive donné droit à leurs arguments et réclamé des poursuites pour "omission de porter secours" à l'encontre des trois autres passagers du véhicule. L'un d'eux avait d'ailleurs pris la fuite avec le chauffard aussitôt après la collision. La famille Moreno demandait par ailleurs à être reçu par le juge d'instruction, comme le prévoit le code de procédure pénal.
En définitive, le juge d'instruction est resté sourd à cet appel. Il vient de renvoyer l'affaire devant le tribunal correctionnel sans avoir pris la peine de recevoir la famille. Et il n'a pas complètement suivi les recommandations de la chambre de l'instruction. Si l'un des passagers sera bien poursuivi à son tour pour "omission de porter secours" aux victimes, les deux autres n'ont été entendus qu' au titre de "témoins assistés".
Comme tout justiciable, la famille Moreno est en droit de saisir le Conseil de la magistrature . C'est à ce titre qu'elle lui demande d'évaluer la procédure suivie par le juge sur la base des règles déontologiques et de le sanctionner en cas de faute avérée.