Les accidents à trottinettes sont toujours très nombreux à Lyon où un médecin urgentiste appelle les pouvoirs publics à sensibiliser davantage les jeunes. Surtout lorsque le libre-service existe.
Depuis le mois de septembre, la ville de Lyon a interdit aux mineurs d'utiliser des trottinettes en libre-service. La municipalité veut éviter la répétition d'accidents dramatiques, comme la collision mortelle le 22 août 2022 avec une ambulance qui avait coûté la vie à deux jeunes de 15 et 17 ans, Iris et Warren.
Début septembre, c'est une femme de 20 ans à trottinette qui avait été percutée par une voiture.
Mais ce tour de vis ne convainc pas vraiment Gilles Bagou, anesthésiste, réanimateur, urgentiste aux Hospices civils de Lyon. Ce médecin a publié une étude en 2021 sur la nette hausse du nombre d'accidents mortels à trottinette depuis l'arrivée des flottes de deux-roues en libre-service il y a trois ans. Dans son rapport, qui a été publié dans une revue scientifique, Gilles Bagou a révélé, en se basant sur les données du registre des victimes d'accidents de la route dans le Rhône, que le nombre de personnes blessées dans des accidents de trottinettes a été multiplié par sept entre 2017 et 2019 à Lyon à cause de l'explosion de l'usage de ce moyen de déplacement.
Selon la sécurité routière, dans l'ensemble de la France, 24 personnes sont décédées suite à un accident de trottinette en 2021 et 11 256 autres ont été blessées.
Toujours autant d'accidents
"On n'a pas les chiffres en 2022, ni en 2021 à Lyon. Je dirais que par rapport à ce que je vois aux urgences, j'ai le sentiment qu'il y a toujours autant d'accidents", nous confie Gilles Bagou. Selon l'urgentiste, l'interdiction faite aux mineurs de prendre des trottinettes en libre-service ne suffit pas. "On joue sur la réglementation du code de la route, mais le problème c'est la sensibilisation. Si les jeunes sont sensibilisés à comment conduire une trottinette, il y aura moins d'accidents. Il faudrait aussi voir si cette interdiction faite aux mineurs est vraiment respectée", poursuit le médecin.
"Les traumatismes crâniens sont de l'ordre de 20% pour les cyclistes lors d'accidents, contre 37% pour les utilisateurs de trottinettes"
Gilles Bagouurgentiste à Lyon
L'autre point noir, c'est que le port du casque n'est pas obligatoire et donc peu porté par les utilisateurs de trottinettes. Alors que les victimes d'accidents sur ce moyen de transport sont davantage exposées à des blessures à la tête que les cyclistes. "Les traumatismes crâniens sont de l'ordre de 20% pour les cyclistes lors d'accidents, contre 37% pour les utilisateurs de trottinettes. J'en ai déduit que le mécanisme de chute pourrait être différent, avec un basculement plus vers l'avant, par-dessus le guidon, sur une trottinette. Quant à vélos, les gens tombent plus sur le côté", analyse Gilles Bagou.
Avec l'arrivée de l'hiver, les risques de verglas et la nuit qui tombe tôt, on pourrait s'attendre à une hausse saisonnière du nombre d'accidents dans les rues de Lyon. Mais selon Gilles Bagou, il n'y a pas vraiment de pic d'accidents attendu cet hiver pour la simple raison que les Lyonnais utilisent moins les trottinettes en libre-service quand le froid mord les mains.