Les proches de Youcef Tebbal, le conducteur du véhicule qui a emporté Axelle Dorier, accusés d'avoir blessé deux agents de police à la sortie la salle d'audience de la cour d'assises vendredi soir écopent de 8 et 9 mois de sursis. Retour sur l'issue chaotique de ce procès.
Selon tous les participants au procès de l'affaire Dorier, le verdict prononcé vers 21 heures vendredi 17 janvier a été accepté de toutes parts dans la dignité. Après quatre jours intenses d'audience, Youcef Tebbal était alors condamné à 12 ans de réclusion criminelle, jugé coupable de violences avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Selon Me Versini, avocat de la famille Dorier, "ça s'est bien terminé, au début, de façon respectueuse et digne. Il aurait pu y avoir une raison de manifester du côté des accusés, il n'en a rien été. Tout tendait à la sérénité et à un départ calme". Même sentiment pour l'avocat de Youcef Tebbal, Me Metaxas. "Il y a eu énormément de dignité du côté des parties civiles. Les accusés sont restés stoïques. Pour toutes les parties, c'était une semaine extrêmement éprouvante".
Ces paroles ont été tenues par les deux avocats ce lundi après-midi devant le tribunal correctionnel. Ils ne pensaient pas se retrouver si tôt face à face. L'un, Me Versini, défendait deux policiers et l'autre, Me Metaxas, des proches de Youcef Tebbal pour des échauffourées survenues vendredi, une dizaine de minutes après le délibéré de la cour d'assises.
Des cris stridents
Vers 21h10, une cousine de Youcef Tebbal se met à pousser des cris de douleur en sortant de la salle d'audience. Selon les parties, c'est l'étincelle qui fait exploser la situation et provoque les premiers débordements. Cette altercation entre policiers et proches de Youcef Tebbal a donné lieu à un procès en comparution immédiate trois jours plus tard.
Trois prévenus comparaissaient donc ce lundi 23 janvier devant le tribunal correctionnel pour rébellion en réunion. Amir B., poursuivi aussi pour violences sur personne dépositaire de l'autorité publique, son frère Jamel B., également beau-frère de Youcef Tebbal, et leur cousin Himed B. Âgés de 24 à 38 ans, tous ont un casier judiciaire vierge, pères de famille pour Amir et Jamel, avec des situations professionnelles stables.
Pour expliquer son comportement de vendredi soir, Himed B. explique qu'il a pensé que ces cris venaient de sa mère, restée dans la salle d'audience. Lui est à l'extérieur. Il se précipite sur le perron. La police est là pour empêcher toute nouvelle entrée dans la salle, c'est la procédure quand un délibéré vient d'être rendu. "Il (Himed B.) m'a poussé avec son corps" témoigne un policier. Des cousins d'Himed, Amir B. et Jamel B., le rejoignent. Ils expliquent à l'audience qu'ils ont paniqué car Himed est sujet à des crises d'épilepsie.
Dans la cohue, Amir donne un coup à un policier, lui fracturant quatre dents. Le second policier poussé par Himed, témoin de la scène, ne peut dire si le coup a été donné volontairement. Amir B. niera avoir frappé, accréditant la thèse du coup parti dans un moment d'agitation. Il affirme avoir voulu extirper son cousin des mains de la police.
La présidente rappelle que l'enquête souligne qu'il a donné plusieurs coups de poing. La carrure imposante, Amir B. maintient qu'il n'a tapé personne. "Je vous jure que je ne l'ai pas frappé" déclare-t-il à la présidente. Les vidéos provenant des réseaux sociaux ou de la caméra-piéton d'un policier ne permettent pas de privilégier une version des faits.
Le procureur avait requis 6 mois de prison ferme pour deux prévenuset 6 mois avec sursis pour le troisième. Ils écopent finalement de 8 et 9 mois de prison avec sursis.
Le "fameux salut nazi"
Dans son plaidoyer, Me Versini, avocat des policiers et de la famille Dorier, a souhaité contextualiser les événements en dehors de cette scène, pour décrire l'agitation générale produite par ces cris. "Ça colore le dossier" se défend Me Versini. "Je pense que c'est important" déclare à son tour Me Metaxas à la présidente. Mais la présidente demande à Me Versini de "se cantonner" à l'altercation.
L'avocat lâchera alors qu'il ne pourra pas "aborder le fameux salut nazi" qu'aurait fait Théo Dorier à la sortie de la salle, et dont sont témoins deux journalistes et un auxiliaire de justice. Le frère d'Axelle a en effet perdu ses nerfs au moment des cris, hurlant et brisant une vitre avant de faire ce geste présumé.
Pour cette autre affaire, Théo Dorier a été entendu en audition libre samedi , "les investigations se poursuivant pour l'audition de témoins aux fins de déterminer la nature du geste" nous fait savoir le parquet.