Des peines allant jusqu'à cinq ans de prison ferme ont été prononcées mardi par le tribunal correctionnel de Lyon à l'encontre de huit skinheads jugés pour la violente agression d'un jeune couple en 2011 à Villeurbanne, au motif qu'il aurait été "antifasciste".
Les deux prévenus sur lesquels pesaient les soupçons les plus graves, Malko Chatain et Anthony Tracanelli, âgés de 24 ans, ont fait l'objet d'un mandat de dépôt à la barre.
Déjà virulents lors de l'audience, les deux hommes, proches de la mouvance nationaliste, se sont rebellés à l'énoncé du jugement, ce qui a nécessité l'intervention d'une quinzaine de policiers et l'évacuation, dans une ambiance tendue, de la salle d'audience.
Ils ont notamment vertement menacé leurs co-prévenus, coupables à leurs yeux de les avoir "balancés".
A l'encontre de ces deux jeunes hommes, au casier judiciaire déjà chargé et suspectés d'être les auteurs des coups de batte de base-ball lors de l'agression du couple, ultraviolente, survenue un soir de janvier 2011, le tribunal a suivi le réquisitoire du procureur de la République qui, le 24 septembre, avait réclamé cinq ans de prison ferme.
Suspectés d'être eux aussi impliqués dans ces violences gratuites, Loris Chabrier et David Mollaret ont écopé de cinq ans de prison dont deux avec sursis.
Poursuivis pour ne pas être intervenus lors de l'agression, trois autres prévenus se sont vu infliger des peines de 18 mois de prison ferme, dont six avec sursis.
Un huitième homme a enfin été condamné à 12 mois de prison avec sursis.
L'agression avait duré moins d'une minute, mais seule l'absence d'infirmité permanente chez les victimes a permis aux prévenus d'échapper aux assises.
Victime d'un traumatisme crânien et d'une hémorragie intracérébrale, la jeune femme a subi au moins 60 jours d'ITT et souffert d'un état post-traumatique sévère.
Son compagnon développera des crises d'épilepsie et aura des difficultés à marcher.
Le groupe de skinheads a expliqué avoir voulu en découdre ce soir-là après une altercation avec des militants d'extrême gauche, se disant victimes d'agressions répétées de militants "antifascistes". Les agresseurs avaient fondu sur le couple, assimilé à des militants du camp adverse, qui sortait d'un concert.
La présidente du tribunal a dénoncé, à l'énoncé du jugement, un déchaînement de violence aveugle et la "gravité" de violences collectives "nourries d'alibi extrémiste".