Après 18 mois d’activité, l’Entreprise des possibles a réussi à mobiliser un peu plus de 50 sociétés de la région pour venir en aide aux personnes les plus précaires, les sans-abris sur la métropole lyonnaise.
En une année-et-demie, 32 000 salariés de ces sociétés ont donné leur accord pour une participation financière en vue de créer des hébergements d’urgence pour des familles monoparentales avec enfants, et pour les jeunes migrants mineurs. « Les deux problèmes les plus graves » auxquels l’association estime devoir faire face. Les différentes campagnes de dons de congés payés de la part des collaborateurs, ainsi que des appels au mécénat ont permis de lever 1,1 million d’euros depuis la création du collectif début 2019. Ces fonds collectés sont reversés intégralement afin de financer des actions de terrain menées par les 24 associations partenaires.
Au total, ces actions ont bénéficié à 1550 personnes dont le tiers (550) a été mis à l’abri. Les autres concernent le retour à l’emploi, l’aide alimentaire, les actions d’urgence ou encore l’accompagnement social. Devant des situations extrêmement difficiles, l’Entreprise des possibles a permis de répondre concrètement au besoin de sens. « Nous nous efforçons de travailler avec les collectivités et les services de l’Etat en innovant, notamment sur la flexibilité dans l’accueil des sans-abris », souligne Patrick Lepagneul, le délégué général de l’association présidée par Alain Mérieux. Ce dernier précise d’ailleurs que ces engagements de la part des salariés sur le plan social fait aujourd’hui partie de valeurs prises en considération dans le champ des performances reconnues par les entreprises signataires. A ce titre, un parcours de formations ad hoc devraient être proposées par Habitat et Humanisme aux salariés désireux de mieux maitriser un certain nombre de domaines liés au social et à l’accompagnement de projets sociaux.
Lutter contre la grande précarité
Les jeunes en grande précarité, les mineurs isolés, les jeunes en échec et les mères seules avec enfants ou sans solution en sortant de maternité : voilà les publics auprès desquels l’Entreprise des possibles et ses partenaires entendent intervenir de manière de plus en plus appuyée. Là où bon nombre de centres d’accueil ne sont pas forcément adaptés à ces profils, l’association des structures qui répondent aux besoins spécifiques, tels des femmes qui vivent avec un animal de compagnie auxquels elle tiennent tout spécialement.
Sur les 40 projets qui ont été soumis par les partenaires de l’Entreprise, 11 ont été retenus pour les années 2021 et 2022. Deux tiers d’entre-eux sont des projets structurants, tandis que les projets du tiers restant ont un impact à court terme.
« Quatre de ces projets sont particulièrement emblématiques de notre action », estime Alain Mérieux qui espère ainsi venir en aide à plus d’un millier de nouveaux bénéficiaires l’année prochaine.
Parmi eux, la Halte des femmes, un hôtel social porté par le bailleur Alynéa. Il accueillera des mères sans domicile pour les accompagner dans la parentalité et leur permettre d’accéder à un logement autonome. Exemple : une assistante maternelle qui vit seule avec ses enfants, perd son agrément, et se retrouve au bout de quelques temps sans revenu, puis à la rue… L’immeuble sera mis à leur disposition dans le courant du printemps 2021. Il comportera un lieu d’accueil pour la petite enfance.
Pour Patrick Lepagneul, trois objectifs sont visés : le répit et la remobilisation après avoir perdu pied, l’estime de soi, et la parentalité dans un lieu où les espaces collectifs auront toute leur place, pour favoriser les échanges, l’accompagnement au travers des activités proposées par les associations.
Dans le 6e arrondissement, le Foyer Notre-Dame des Sans-Abri (FNDSA) va créer un lieu d’hébergement intégrant un accompagnement pluridisciplinaire où se côtoieront les consultations psychologiques, l’insertion, le soutien et la parentalité. Installé en cœur de ville, ce centre s’adresse également aux femmes victimes de violence.
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Avec l’association Le Mas, le projet se concrétisera sous la forme d’un village d’une vingtaine de chalets de 20 à 25 m2. Il se présente sous la forme d’une communauté d’entraide où le soutien matériel se conjugue avec constructions de relations humaines. Un peu sous la forme des sept chalets qui ont été installés sur le domaine de Montcelard (dans l’ouest lyonnais), où est située la Fondation Mérieux, ces habitations individuelles sont destinées à recevoir des mamans avec leurs enfants.
Les jeunes sortis des radars de l'aide à l'enfance, aussi
Pour les jeunes majeurs sortis de l’aide sociale à l’enfance (ASE), souvent sans attache, les Foyers Matter ont imaginé des logements pérennes comme rempart à la déshérence permanente. Sont aussi concernés les jeunes migrants qui ont subi des traumatismes successifs depuis leur départ de leur pays d’origine jusqu’à leur arrivée en France, à la dérive et sans aide. Là, l’accompagnement se veut global, insiste un responsable des Foyers. Il sera omniprésent à toutes les étapes de leurs parcours : démarches administratives, maitrise du français, création de nouveaux liens sociaux, etc. Une trentaine de jeunes devraient être pris en charge avec le soutien de la Métropole de Lyon. Nom de cette opération : le Mousqueton. Un clin d'oeil sans doute à la notion des Premiers de cordée.
Faisant remarquer que ces projets mêlant privé et public sont nécessaires, Alain Mérieux le dit tout net : il y a encore beaucoup de tâches à réaliser. " Si l'on considère que les 32 000 salariés investis représentent 5 % des 600 000 collaborateurs du privé dans la région lyonnaise, nous avons de belles marges de progression devant nous". L'industriel lyonnais est convaincu que " Lyon peut devenir un exemple concret du décloisonnement des univers économique et solidaire au service d’une cause indiscutable, celle des sans-abri."
