Moins d'avantages fiscaux, plus de liberté laissée aux municipalités pour limiter l'offre, le Parlement a donné son feu vert définitif à une loi visant à mieux réguler le marché des meublés touristiques de type Airbnb. À Lyon, la mairie se dit satisfaite, des propriétaires craignent une perte de revenus.
Le nombre de meublés de tourisme serait passé de 300 000 à 1,2 million en huit ans en France. "En pleine crise du logement, ce texte était nécessaire, non pas pour interdire, mais pour réguler", selon l'un des auteurs de la loi.
Le texte, définitivement adopté par le Parlement, laisse plus de liberté aux municipalités pour limiter l'offre de location de tourisme. Concrètement, le nombre de nuitées autorisé passera de 120 à 90, les avantages fiscaux seront réduits et des quotas seront établis par quartier.
"Un complément financier"
Hubert est propriétaire de son appartement à Lyon. Il s'apprête à recevoir un hôte. Il fait le lit, prépare un petit déjeuner, range la chambre. Il aime louer son bien pour des courtes durées, "ça me permet de faire des rencontres, des personnes viennent du monde entier, c'est aussi un complément financier", Il redoute les effets de la nouvelle loi.
Réduire le nombre de nuitées ne résoudra pas le problème du logement. En revanche, moi, ça va m'amputer d'un tiers de mes revenus potentiels tout en me faisant payer plus d'impôts. Ça va être difficile de rembourser mon crédit.
Hubert, propriétaire
"Dans le bon sens"
La mairie de Lyon a, quant à elle, fait les comptes. Depuis plusieurs années déjà, elle s'est engagée en renforçant sa propre réglementation. Les demandes de meublés loués seraient passées d'une centaine à moins d'une cinquantaine. Cette loi "va dans le bon sens" pour l'adjointe au logement à la ville.
On est en tension sur Lyon. Notre objectif avec cette nouvelle régulation, c'est de protéger le logement et d'éviter qu'il ne soit accaparé par cette activité. Ce sont les professionnels qui offrent le plus grand nombre de nuitées.
Sophia Popoff, adjointe (les Ecologistes) au logement à la ville de Lyon.
L'hôtellerie, un métier
La nouvelle loi ne fait pas la différence entre investisseurs et propriétaires qui, souvent, louent leurs biens pour de très courte durée. Le secteur hôtelier ne voit pas cette concurrence forcément d'un mauvais œil, "cette clientèle est complémentaire de l'hôtellerie" peut-on entendre.
Mais pour le représentant des métiers de l'hôtellerie dans le Rhône, " ces nouvelles mesures ont le mérite de rééquilibrer les rapports". Selon Philippe Dalaudière, le président local de l'UMIH, "ces offres ont engendré des problématiques sur certaines villes comme Lyon", notamment en matière de sécurité. Ils attendent plus de la part des pouvoirs publics.
Nous sommes classés établissements recevant du public. On doit être capable de faire évacuer, avec du personnel formé. C'est notre métier en tant qu'hôtelier. On attend donc une évolution pour la location de court séjour.
Philippe Dalaudière, président de l'union de l'hôtellerie du Rhône (UMIH)
"Pas d'impact notable"
Le texte prévoit, en outre, de généraliser le numéro d'enregistrement pour tous les meublés. Dans les copropriétés, les loueurs devront informer les syndics qui pourront décider dans leur règlement d'interdire ou non la location en meublés de tourisme.
AirBnB, dont la France est le deuxième marché, a regretté de "nouvelles contraintes fiscales et administratives", tout en affirmant qu'elles n'auraient "pas d'impact notable" sur ses activités.