A partir de mercredi, Y, 19 ans, sera jugé pour l'agression du jeune Marin, en novembre 2016. Il n'avait pas supporté que l'étudiant prenne la défense d'un couple à qui il reprochait de s'embrasser dans la rue, et l'avait frappé à la tête, l'handicapant à vie... Son parcours, de victime à bourreau.
La première fois que Y a été entendu par la police, c'était à l'âge de 4 ans, en tant que victime de violences familiales. C'est son avocate qui le raconte, faisant le portrait d'un enfant fracassé par la vie. Mais c'est ce même enfant qui, à 17 ans, a asséné à Marin 3 coups de béquille dont deux lui ont atteint la tête et ouvert le crâne.
Me Anne Guillemaut connaît Y depuis longtemps : à l'heure où d'autres entrent au collège, lui est déscolarisé et fait ses premiers pas dans la délinquance. Ses parents sont séparés, sa mère, toxicomane, est passée par la prison, et sa garde a été confiée à son père. Il a toutefois fait l'objet de placements réguliers en foyers et son existence est particulièrement chaotique. De 2012 à 2016, il accumule 21 condamnations, principalement pour vols, menaces ou violences.
Y est décrit comme mince, de taille moyenne, et particulièrement intelligent. Les lettres qu'il a envoyées à Marin depuis la maison d'arrêt de Corbas, où il est incarcéré, témoignent d'une bonne maîtrise du français, malgré les fautes d'orthographe. Des courriers rédigés d'une écriture régulière où il exprime des regrets, présente des excuses et adresse des voeux de rétablissement à sa victime.
Son avocate ne doute pas de sa sincérité. Il a reconnu les faits qui lui sont reprochés, tout juste affirme-t-il qu'il ne visait pas la tête... Comment expliquer alors un tel déchaînement de violence ? Me Guillemaut évoque une dérive dans la vie de son client les mois qui ont précédé les faits. A la rentrée 2016, il se retrouve sans formation, se brouille avec sa mère, quitte le domicile de son père pour mener une vie de quasi-SDF...
Autre élément : l'alcool, présent dans la vie du garçon depuis longtemps. Le 11 novembre 2016, Y est probablement ivre. Lui-même ne s'explique pas son geste, mais il va perdre tout contrôle. En tous cas, l'avocate de la Défense n'imagine pas qu'il y ait eu volonté de tuer.
Les expertises psychiatriques et psychologiques menées sur Y relèvent des risques de répétitions de tels actes de violence, une impulsivité, une agressivité qui augurent plutôt mal de son avenir en société. Mais si ses actes peuvent apparaître comme monstrueux, sa Défense affirme qu'il donne en détention des gages de reprise en main : thérapie, diplômes, volonté de changer...