Une troisième expertise psychiatrique a été demandée pour l'auteur de l'attaque au couteau qui avait fait un mort et huit blessés le 31 août 2019 à Villeurbanne, près de Lyon. Les deux précédentes ont émis des avis divergents sur sa capacité à être jugé.
Deux juges d'instruction ont ordonné une expertise collégiale, indique ce mardi 22 décembre 2020 l'AFP. L'annonce de cette troisième expertise, déterminante pour la tenue d'un procès, "a été faite aux treize victimes constituées parties civiles, à l'issue d'une réunion collective le 9 septembre au palais de justice de Lyon". Une réunion suivie d'une série d'auditions individuelles dans le bureau des juges en charge du pesant dossier.
31 août 2019 : agression de neuf passants à la station Laurent Bonnevay de Villeurbanne
C'était un samedi après-midi, peu avant 16h30. Les sapeurs-pompiers sont appelés pour des victimes, attaquées au couteau, près de la station de métro Laurent Bonnevay, à Villeurbanne, dans l'agglomération de Lyon. Sur place, la police interpelle un homme, maîtrisé par plusieurs témoins de l'attaque.
Il s'agit d'un Afghan de 34 ans, écroué après sa mise en examen le 2 septembre pour "assassinat et tentatives d'assassinats". Le bilan est lourd : un mort et huit personnes blessées, dont trois en urgence absolue.
Ce 31 août 2019, au cours de l'agression à Villeurbanne, le suspect avait tenu des propos à caractère religieux, mais les enquêteurs n'avaient trouvé aucun élément de complicité et l'affaire n'avait pas été confiée au pôle antiterroriste de Paris. L'état mental de l'agresseur allait alors être passé au crible.
Deux expertises aux avis divergents
Une première expertise est menée environ trois mois après les faits, en décembre 2019. Le diagnostic fait alors état d'une "altération du discernement" de l'auteur de l'attaque. Ce qui ouvre la voie d'un possible procès.
À cette date, la psychiatre Natalie Giloux avait relevé des "troubles schizophréniques" avec "syndrome hallucinatoire". Elle avait notamment estimé que ses troubles mentaux avaient été accentués par une forte consommation de cannabis.
En juin, son collègue Jean Canterino avait, quant à lui, diagnostiqué une schizophrénie avec délire de persécution, avec une thématique religieuse, ayant provoqué "l'abolition du discernement" de l'auteur au moment des faits. Dans un tel cas de figure, le mis en examen ne peut être jugé.
Né en Afghanistan, Sultan N. dit avoir traversé le Pakistan et l'Iran avant de se rendre en Europe. Il a séjourné dans plusieurs pays européens avant d'arriver en France en 2016. L'homme avait indiqué être en proie à des hallucinations visuelles et auditives depuis plusieurs années, persuadé d'avoir été "empoisonné en Angleterre".
Une troisième expertise déterminante
"S'il est déclaré irresponsable à la fin de l'instruction judiciaire, une audience symbolique pourra avoir lieu à la chambre de l'instruction, mais ce n'est pas facile à accepter pour les victimes qui ont l'impression qu'il n'est pas sanctionné pour ce qu'il a fait", a réagi Frédéric Lalliard, avocat de deux des treize parties civiles.
Contacté, le défenseur de l'agresseur n'a pas souhaité s'exprimer. "Par égard pour les victimes", a expliqué Me Thibaud Claus.