Au lycée La Martinière-Monplaisir, dans le 8ᵉ arrondissement de Lyon, une partie des enseignants ne fait pas cours ce vendredi 17 novembre. Ils réclament plus de moyens pour pouvoir assurer leur rôle pédagogique.
Ce vendredi 17 novembre, des enseignants du lycée La Martinière-Monplaisir à Lyon se mettent en grève. Une semaine après que leur établissement a été pris pour cible par des tirs de mortiers, ils demandent davantage de moyens humains et apportent leur soutien à leur proviseur, qui aurait été la cible de cette attaque.
Ils veulent plus de moyens
À 11 h 30, c'est en groupe qu'ils ont donné rendez-vous aux médias pour la lecture d'un communiqué, devant le portail. Ici, les traces des feux de poubelle et de trottinette déclenchés à l'entrée de l'établissement sont encore visibles. Individuellement, ils refusent de répondre aux questions.
"On a beaucoup d'élèves, beaucoup viennent de milieux difficiles. On a 2000 élèves et ils n'ont pas de psyEN (ndlr : psychologue de l'éducation nationale), il manque un infirmier, il faudrait trois postes de surveillants supplémentaires", alerte Céline Beaux, professeur de lettre chargée de lire le communiqué.
Les professeurs réunis demandent plus de moyens humains, mais aussi la réduction des effectifs dans les classes.
"Dans une classe de seconde où il y a 35 élèves, on ne peut pas les aider individuellement, les voir tous, installer une interaction. L'heure de cours passe très vite."
Céline Beaux, professeur de lettres
"C'est une situation qui se répète beaucoup trop souvent"
Plusieurs élèves en classe préparatoire sont sortis apporter leur soutien aux enseignants. "On entendait du bout de la rue les tirs de mortier, je suis arrivé en retard pour mon DS", se rappelle Camille, en classe préparatoire PTSI (physique, technologie et sciences de l'ingénieur). Le jeune homme affiche un air blasé et explique ne pas avoir eu peur."J'habite au Tonkin, où il y a régulièrement des fusillades, tous les matins, je passe là où il y a eu des coups de feu tirés", explique-t-il simplement.
"C'est une situation qui se répète beaucoup trop souvent malheureusement, réagit une autre étudiante de prépa, qui a décidé d'écrire à Gabriel Attal, ministre de l'Éducation. On est là pour apprendre, on a beaucoup de connaissances à engranger avant les concours et quand on arrive il y a les pompiers, les CRS, c'est compliqué."
Des lycéens sortent aussi du lycée alors que leurs professeurs se rassemblent : certains filent chez eux, d'autres s'arrêtent pour regarder le rassemblement, d'autres se font remarquer en poussant des cris. En classe de terminale, Erica arrive justement pour reprendre ses cours et sort son portable pour filmer le rassemblement.
"C'est vrai que c'était le chaos, mais ça fait plusieurs vendredis qu'il y a des tirs de mortiers devant le lycée, le matin."
Erica, lycéenne
Si ce n'est pas la première fois qu'il y avait des tirs de mortiers ou des feux devant l'établissement, vendredi 10 novembre, les perturbateurs sont entrés dans le lycée. "Ça m'a étonné, parce que d'habitude ça ne va pas aussi loin", reconnaît la jeune fille
"Ce qui s'est passé vendredi dernier est un symptôme, ça fait quatre ans qu'on se mobilise pour avoir plus de moyens, s'exaspère Eric Lahi, professeur de physique-chimie et représentant syndical à la CGT. On accueille un public qui a besoin de plus d'accompagnement, mais on a des classes de 35 élèves, une infirmière pour 2000 élèves, pas de psychologue scolaire..."
Un jeune placé en détention provisoire
Le vendredi 10 novembre, à 7h30, une dizaine d'individus ont pris pour cible l'établissement : tirs de mortiers d'artifice, feux de poubelles, deux jeunes avaient été arrêtés. L'un a été placé en détention provisoire en début de semaine, soupçonné d'avoir "participé à l'organisation des violences" et d'avoir lui-même incendié des poubelles et tiré des mortiers.
Dès le 10 novembre, dans un communiqué, l'intersyndicale du lycée avait dénoncé "l'exploitation médiatique, alimentée par des élus de la région, voir des élus nationaux, sur le thème de l'insécurité", demandant des moyens humains et la réduction du nombre d'élèves par classe. Des reproches et des demandes renouvelées ce vendredi 17 novembre.
"Quand les problèmes psychologiques, sociaux et la violence sont en augmentation, on veut des moyens pour pouvoir accueillir nos élèves."
Eric Lahi, professeur de physique-chimie
Eric Lahi indique que sur les 160 enseignants du lycée, de prépa et de BTS, 70 étaient présents en assemblée générale ce vendredi 17 novembre. Ce n'est pas la première fois que les professeurs de ce lycée se mobilisent. Début octobre, ils avaient fait grève suite à l'assassinat de Dominique Bernard, enseignant tué à Arras, lors d'une attaque terroriste.