Bébés à la rue : la Métropole de Lyon s'engage à nouveau dans la prise en charge des mères isolées

Après les cris d'alerte quant à la situation des enfants à la rue, la Métropole de Lyon réagit. La collectivité a pris la décision de reprendre la prise en charge des femmes isolées avec un enfant de moins de trois ans.

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De nouvelles femmes sans-abri seront accueillies dans le dispositif d’hébergement d’urgence. C’est ce qu’a annoncé la Métropole de Lyon vendredi 30 août 2024. "Nous avons pris la décision de reprendre dès maintenant l'accueil des femmes isolées avec enfants de moins de trois ans", a-t-elle annoncé aux journalistes. 

La collectivité, qui a comme compétence, au même titre que les départements, de loger les femmes enceintes et les femmes isolées avec un enfant de moins de trois ans, avait fait le choix de suspendre à la mi-juillet les nouvelles prises en charge, tout en maintenant celles déjà engagées.  

Le désengagement de la Métropole pointé du doigt 

Un changement de politique, tout comme à la préfecture du Rhône qui a changé ses critères de prise en charge des familles sans-abri, qui a suscité de vives réactions du côté des associations et des acteurs sociaux.  

D’autant plus après les révélations de cas de nouveaux-nés ayant passé la nuit dehors avec leurs mères. Le vendredi 16 août, Maud Bigot, directrice opérationnelle du SAMU social pour l’association Alynea, postait sur Linkedln un cri d’alerte : "Cette fois c’est 11 jours… Ce vendredi 16 août, le Samu Social, à Lyon, a laissé à la rue un nouveau-né de 11 jours. Ce soir je pense à toi, tout petit être". Elle y dénonçait la situation de ces nourrissons à peine sortis de la maternité. La crise du logement et du logement social est en cause mais pas seulement. 

Dans une interview donnée le mercredi 21 août à notre équipe, elle a également pointé du doigt le désengagement de la Métropole de sa mission d'accueil des femmes enceintes de plus de six mois et de femmes avec enfants de moins de trois ans. Une décision survenue au cœur de l'été, faute de financements. La directrice du Samu Social évoquait également les nouveaux critères de vulnérabilité imposés par l'Etat, et qui n'ont fait qu'aggraver la situation de ces familles particulièrement fragiles.   

Plusieurs députés du Rhône avaient alors adressé un courrier à trois ministres du gouvernement démissionnaire de Gabirel Attal, Christophe Béchu (Transition écologique), Guillaume Kasbarian (Logement) et Sarah El Haïry (Enfance et Familles). Ils pointaient une situation “inadmissible et inhumaine”, réclamant la réquisition des logements vacants et de moyens supplémentaires pour la Métropole.  

"Uniquement le public en lien avec notre territoire"

S’il ne s'agissait pas de "femmes isolées", que la situation relevait donc de la compétence de l'Etat, le président écologiste de la métropole Bruno Bernard a jugé la situation “inacceptable”.  

Ces nouvelles prises en charge devront respecter certaines modalités. “Elles ne concerneront que le public en lien avec notre territoire", a-t-il précisé, soulignant que la Métropole ne pouvait "pas poursuivre pour pallier l'inaction de tous nos départements voisins, comme fait" par le passé. 

Cela exclut par exemple des personnes qui ont fait des demandes d'asile dans un autre département, ou qui n'ont jamais eu de domiciliation dans l'agglomération lyonnaise. 

Le président de la Métropole a également tenu à souligner les efforts “très larges” fournis par la collectivité en matière d’hébergement d’urgence. Le budget alloué a été multiplié par 14, passant de 800.000 euros par an en 2019, à 11,3 millions en 2024, selon la métropole. Soit à l'heure actuelle la prise en charge de 1 156 personnes, dont 731 enfants.  

160 enfants à la rue en août

Pourtant, le rapport de l’Unicef dévoilé jeudi 29 août recense en un an dans le Rhône une explosion de 84 % du nombre d’enfants à la rue. Alors qu'ils étaient 87 au mois d'août 2023, ils sont dorénavant au moins 160.

"J'espère que ce rapport et la mobilisation ici vont faire avancer le travail" sur l'hébergement d'urgence au niveau national, a estimé Bruno Bernard, pour qui la question du sans-abrisme n'est "pas réglable sans politique nationale". 

Selon tous les acteurs, la crise du logement, et plus particulièrement du logement social, "grippe" tout le système en empêchant les personnes entrées dans les dispositifs d'urgence d'en sortir. 

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