Alors que l'Europe est en pleine crise des migrants, ce lundi 2 juillet un documentaire historique sur la région lyonnaise et ses bidonvilles, intitulé "Baraques, villages nègres et bidonvilles", est diffusé à la MJC Monplaisir, dans le 8e arrondissement de Lyon.
Certains l'ont oublié mais de 1920 à 1970, de nombreux baraquements provisoires, habitats de fortune, campements insalubres et autres bidonvilles ont accueilli des immigrés espagnols, italiens ou encore algériens. Des ouvriers avec familles et enfants. Les migrants économiques d'hier. Car l'installation des bidonvilles allait souvent de paire avec implantation de sites industriels et un fort besoin de main d'oeuvre. Le phénomène des bidonvilles est également accentué par la pénurie de logements qui sévit en France après-guerre.
L'anthropologue Frédéric Blanc et le sociologue Olivier Chavanon ont retrouvé les traces de ces "villages de planches" dans les archives, ces lieux oubliés de l'immigration. Les deux chercheurs ont également recueilli des témoignages. En trois ans de recherches, ils ont recensé plus de 70 bidonvilles dans la seule région lyonnaise. Dans les années 50, ces habitats précaires et insalubres se sont multipliés à Lyon, Villeurbanne,Vénissieux, Givors, Bron, Oullins ... etc. Une réalité sociale méconnue et aujourd'hui oubliée.
Illustration avec le bidonville surnommé "le village nègre". Un site qui avait poussé à Lyon, entre les deux guerres, aux portes du quartier moderne des Etats-Unis. Dans des cabanes de fortune vivaient essentiellement des ouvriers Italiens et Espagnols; des familles. Entre le milieu et la fin des années 30, ce sont entre 800 et 1000 personnes qui vivent dans ces cabanes de fortune.
Les deux chercheurs ont recueilli des témoignages. "Tous conservent un souvenir extrêmement nostalgique de ce bidonville," explique Frédéric Blanc. "Car ce lieu était "la première étape de leur insertion dans la ville de Lyon. C'était aussi un moment marqué par beaucoup de solidarité entre les familles issues de l'immigration."
Autre bidonville, celui de la lône Felizat. Il se trouvait sur les berges du Rhône, près de la Confluence. Des familles vivaient là sans eau, ni électricité. Des conditions de vie très précaires.
Le maire de Lyon de l'époque, Louis Pradel, a oeuvré pour la disparition de ces bidonvilles. En 1964, on annonçait officiellement la fin des bidonvilles à Lyon... une affirmation démentie par les faits. Les bidonvilles sont régulièrement réapparus sur le territoire.
Peut-on faire un parallèle avec la situation contemporaine et les campements de migrants qui sont régulièrement démantelés ? "A l'époque, c'est un phénomène tout à fait considérable. Les bidonvilles font partie du paysage urbain," explique Olivier Chavanon.
Des archives et des témoignages, Frédéric Blanc et Olivier Chavanon, les deux chercheurs de l'université de Savoie Mont-Blanc, ont co-réalisé un documentaire intitulé "Baraques, villages nègres et bidonvilles". Un documentaire visible sur internet.
Ils ont identifié plus de 70 lieux pour la seule grande région lyonnaise entre les années 1920 et les années 1970. Comment vivaient leurs habitants ? Pourquoi y étaient-ils ? Comment étaient-ils considérés à l'extérieur ? Comment en sont-ils partis ? Leur histoire est relatée dans ce film documentaire.
Olivier Chavanon est l'invité du 12/13 Rhône-Alpes.