De neuf à vingt ans de prison ont été requis ce jeudi 25 janvier contre six hommes jugés à Lyon pour le braquage d'un convoi de fonds au butin record, commis en Suisse en 2017. Le butin s'élevait à plus de 40 millions de francs suisses. Trois des accusés sont absents. Le verdict est attendu vendredi.
Ce jeudi, au quatrième jour du procès devant la cour d'assises du Rhône, l'avocat général a estimé que les accusés, dont trois sont jugés en leur absence, avaient commis des faits "dans le haut spectre de la criminalité". Il a requis des peines allant de 9 à 20 ans de prison à leur encontre. Le verdict est attendu ce vendredi 26 janvier 2024.
Trois accusés dans le box
Six hommes, dont trois sont en fuite, sont jugés à Lyon depuis lundi pour l'attaque d'un transport de fonds entre Genève et Lausanne, le 24 mai 2017. Les six hommes, âgés de 39 à 54 ans, sont poursuivis pour "vol en bande organisée avec arme" et "enlèvement et séquestration".
Ils avaient tous été arrêtés quatre heures après l'attaque du fourgon banalisé de la société Loomis. Les six hommes avaient été cueillis au petit matin dans une villa de Chavanod, en Haute-Savoie. Ils se trouvaient alors en possession de billets de différentes devises, de quatre lingots d'or et de plusieurs milliers de pierres précieuses. Le butin record a été évalué à 42,3 millions d'euros au cours actuel.
Les réquisitions
Trois des accusés sont absents du procès, en fuite et sous mandat d'arrêt. Il y a un an, en janvier 2023, le procès avait été renvoyé, dans l'espoir que les trois hommes en cavale seraient retrouvés. Contre ce trio de Lyonnais, déjà condamnés dans le passé pour des braquages à main armée en France et en Suisse et qui avaient profité de leur remise en liberté sous contrôle judiciaire pour s'enfuir, le ministère public a requis 20 ans de réclusion criminelle.
Contre deux des accusés présents, en situation de récidive légale et au lourd passé judiciaire, 16 ans et 12 ans de réclusion criminelle ont été requis. L'un est connu de la justice pour des affaires liées au trafic de stupéfiant, l'autre pour des faits de vol et recel de véhicules. Concernant le dernier homme présent à l'audience, au maigre casier judiciaire en comparaison de ses complices suspectés, l'avocat général a requis neuf ans d'emprisonnement avec mandat de dépôt.
Quelle participation ?
Quel a été le rôle de chacun dans la nuit du 23 au 24 mai 2017 ? Ce jeudi 25 janvier, à l'audience, presque sept ans après le braquage, les interrogatoires des accusés se sont concentrés sur le rôle de l'un d'entre eux. Ce dernier nie avoir participé à l'attaque. Parmi les trois présents à Lyon depuis le début de la semaine, deux admettent être impliqués. Toutefois, ils se présentent comme des nouveaux venus "dans le monde du braquage". Ils ont systématiquement nié savoir quoi que ce soit à propos du rôle des autres accusés. Mais ils ont assuré tous deux que le troisième homme, à leur côté, n'avait pas participé physiquement aux faits.
Aîné de la bande au lourd passé judiciaire, avec plusieurs condamnations dans des affaires liées à du trafic de stupéfiants, il a, selon les enquêteurs, joué un rôle clé dans "l'agrégation de deux équipes, une lyonnaise et annécienne". Mais son rôle le Jour J est disputé. Et l'absence de trois des accusés pèse depuis le premier jour du procès sur la clarté des débats.
Profil de "leader" ?
Parmi les six accusés, "certains ont plus un profil de leader que d'autres" avait souligné l'avocat général Eric Mazaud en début de semaine.
Un des enquêteurs a désigné comme meneurs deux des hommes en fuite, ainsi que l'accusé qui nie sa présence lors de l'attaque, "vu son implication", "son passé et ses contacts". "Il a mis en parallèle tout le monde, il a joué un rôle déterminant dans cette attaque", a déclaré ce témoin.
Son avocat, Me Laurent Bizien, a rétorqué que "contrairement" aux fugitifs, son client n'avait ni "un profil, ni un casier judiciaire de braqueur". Quant aux deux autres accusés présents à Lyon, ils se sont surtout appliqués à minimiser leur rôle.
"Pas mon truc"
"Sur place, je n'ai rien fait du tout", a prétendu le moins expérimenté d'entre eux, âgé de 45 ans. Son casier judiciaire ne comporte qu'une condamnation pour le port d'un cutter quand il avait 18 ans. Il assure avoir "pris peur" quand on lui a mis une arme dans les mains.
L'autre a expliqué s'être cantonné à "la partie automobile" : son rôle était notamment de fournir des véhicules volés. La nuit du braquage, il n'a pas tenu d'armes et s'est contenté de "conduire" pour "rabattre le (fourgon) sur la bande d'arrêt d'urgence", a-t-il assuré. "Le braquage, ce n'est pas mon truc", a encore dit cet homme de 42 ans.
"J'imagine que quand on organise une telle attaque, on ne recrute pas n'importe qui", a toutefois fait observer le président de la cour, Eric Chelbos. "Quand on intègre dans l'équipe quelqu'un qui n'a pas fait ses preuves, qu'on lui fournit une arme longue et un gilet pare-balles pour une attaque de fourgon, c'est très dangereux", a ajouté le magistrat.
Après les réquisitions, les plaidoiries sont attendues ce vendredi. Le verdict doit être rendu dans la foulée.