Les agriculteurs maintiennent la pression avant le coup d'envoi du Salon de l'agriculture qui aura lieu samedi matin, 24 février. Des actions ont été prévues dans la région, a prévenu la FDNSEA. Ainsi, ce jeudi, une centrale d'achat est bloquée à Villette d'Anthon, à une vingtaine de kilomètres à l'est de Lyon.
Ce jeudi matin, devant l’entreprise Socara, entrepôt logistique des centres commerciaux Leclerc, des agriculteurs ont positionné plusieurs bennes et tracteurs au sol. Leclerc est l'un des principaux acteurs de la grande distribution. Ils bloquent l’accès des poids lourds, dans les entrées que les sorties. Ils sont une trentaine à mener cette action à l'appel de la FNSEA. Les exploitants dénoncent notamment la course aux prix bas qu'impose la grande distribution à leurs produits.
Transparence
"Aujourd'hui, la grande distribution a sa part de responsabilité dans la crise agricole. On est venu demander des explications aujourd'hui et voir où passent les marges", explique Elise Michallet, exploitante agricole et éleveuse de bovins à Saint-Genis-les-Ollières, dans la Métropole de Lyon. Les agriculteurs réclament davantage de transparence, "plus de clarté sur tout le circuit de distribution, du producteur au consommateur". " Le consommateur paye un prix, on nous en paye un. Entre les deux, il y a une somme considérable ! Où est passée la marge ? ", s'interroge l'éleveuse.
Ces exploitants agricoles réclament surtout une rémunération en fonction des coûts de production. Mais aussi "une application stricte" de la loi Egalim, comme l'explique Laurent Soileux, producteur de volailles à Montluel, dans l'Ain. "On a aujourd'hui un maillon agroalimentaire et des grandes surfaces qui ne jouent pas le jeu", déplore le président groupement de producteurs.
Coup de pression avant le Salon
À Pusignan, si les agriculteurs ont choisi de bloquer la Société coopérative d’approvisionnement de Rhône-Alpes (Socara), c'est parce qu'il s'agit d'un maillon essentiel de la logistique des centres commerciaux Leclerc dans le centre-est de la France.
Les agriculteurs de la région ont décidé de cibler les centrales d'achats et plateformes logistiques de plusieurs grands groupes et non les hypermarchés à 48 heures du coup d'envoi du salon de l'agriculture à Paris. Un geste hautement symbolique mené par les deux syndicats majoritaires, FNSEA et Jeunes agriculteurs. Si les agriculteurs avaient levé leurs précédents blocages après les annonces du Premier ministre Gabriel Attal début février, ils estiment aujourd'hui que les choses ne vont pas assez vite.
Outre le Rhône, d'autres points de blocage ont été annoncés dans plusieurs départements dans l'Ain, l'Isère, la Loire et l'Allier. Ils pourraient être maintenus jusqu'à l'ouverture du Salon de l'Agriculture.
"Il y a 30 ans que ça dure. Il faut que la grande distribution et que les industriels comprennent bien que la récréation est finie", insiste Michel Joux, président de la FNSEA Auvergne Rhône-Alpes. "Nous réclamons que le Président de la République fasse péter le poing sur la table ! Il faut tordre le bras à ces géants, pour qu'ils se mettent autour d'une table et qu'on puisse sauver l'agriculture française ! " ajoute le responsable du syndicat agricole.
Engagements
Mercredi 21 février, à trois jours de l'ouverture de la plus grande ferme de France, Gabriel Attal avait pourtant tenu une conférence de presse sur la crise agricole à Matignon. Le Premier ministre a récapitulé les dizaines d'engagements et chantiers déjà lancés, et annoncé des mesures sur les visas de saisonniers étrangers, sur les pesticides ou encore sur la rémunération. Il a également évoqué un nouveau projet de loi "avant l'été" pour renforcer le dispositif Egalim. Objectif : permettre une meilleure rémunération des producteurs dans le cadre des négociations entre distributeurs et fournisseurs agro-industriels. Des annonces qui ont visiblement laissé les agriculteurs sur leur faim. Ces derniers disent attendre plus que des mots. Dans ce contexte, la visite d'Emmanuel Macron au salon de l'Agriculture est très attendue par le monde paysan.