Commission Sauvé : "Personnellement, ce rapport me bouleverse, m'écœure et me scandalise", Mgr O.de Germay

A Lyon, le rapport de la Commission Sauvé sur la pédocriminalité dans l'Eglise prend une résonnance particulière. C'est à Lyon que l'affaire Preynat a éclaté, révélé par la Parole Libérée. L'actuel Archevêque de Lyon, Mgr Olivier de Germay, se dit "bouleversé, écœuré et scandalisé" par ce rapport.

La commission indépendante qui a enquêté sur les violences sexuelles et la pédocriminalité au sein de l'Eglise catholique de France a estimé à 216.000 le nombre de mineurs victimes de prêtres, diacres et religieux depuis 1950. Ce nombre grimpe même à 330.000 si l'on ajoute les personnes agressées par des laïcs travaillant dans des institutions de l'Église. Ce constat "accablant" a été accueilli ce mardi 5 octobre avec "honte" et "effroi" par la Conférence des évêques qui a réagi par la voix de son président Mgr Eric de Moulins-Beaufort.

Si aujourd'hui l'Eglise fait son "mea culpa", Jean-Marc Sauvé n'a pas manqué de souligner que l'Eglise catholique a manifesté "jusqu'au début des années 2000 une indifférence profonde, et même cruelle à l'égard des victimes" de pédocriminalité. De 1950 aux années 2000, "les victimes ne sont pas crues, entendues, on considère qu'elles ont peu ou prou contribué à ce qui leur est arrivé", a-t-il insisté.

Comment a réagi le Diocèse de Lyon ? C'est dans cette ville qu'a éclaté l'affaire Preynat en janvier 2016 après les révélations de l'association La Parole Libérée. Ce scandale a entraîné la démission du Cardinal Barbarin, condamné en justice puis relaxé en appel pour non-dénonciation d'abus sexuels sur de jeunes scouts dans les années 80-90. Olivier de Germay a été nommé archevêque de Lyon par le Pape François après l'acceptation de la démission du Cardinal Philippe Barbarin, en mars 2020.

"des vies souillées, meurtries, brisées"

L'Archevêque de Lyon et Primat des Gaules, Mgr Olivier de Germay, qui a réagi lors d'une conférence de presse, se dit bouleversé, ecoeuré et scandalisé : "Le rapport de la CIASE a été publié ce matin. Les chiffres qu'ils donnent dépassent ce que l'on pouvait imaginer. Derrière les chiffres, il y a des personnes, des vies souillées, meurtries, brisées. Personnellement, ce rapport me bouleverse, m'écœure et me scandalise," a déclaré le prélat. "Les personnes victimes que j'ai rencontrées m'ont aidé à prendre conscience du traumatisme que représente ces actes odieux. J'ai honte de ce qui s'est passé, de ces actes inqualifiables mais aussi de la façon dont ces affaires ont été traitées. Ces chiffres effroyables montrent que dans le passé, l'Eglise a été défaillante en voulant gérer en interne ces questions. Elle n'a pas su ou n'a pas voulu voir ce qui se passait et a mis bien du temps à réaliser l'ampleur du phénomène."

Dans le Diocèse de Lyon, entre 1950 et aujourd'hui, 76 cas de prêtres et religieux auteurs d'abus sexuels ont été recensés, dont 49 sur personnes mineures. De nombreuses victimes ne se sont pas fait connaître.

Mgr Olivier de Germay, Archevêque de Lyon

L'Archevêque Olivier de Germay a reconnu le rôle joué par l'association La Parole Libérée dans la révélation de ces scandales : "Les personnes victimes ont eu le courage de parler, parfois grâce à des associations. On a pu parfois se sentir agressé par de telles associations mais il faut bien reconnaître qu'elles ont permis de faire avancer les choses. C'est en partie grâce à la Parole Libérée à Lyon que l'Eglise a mandaté une commission indépendante pour faire la vérité et aboutir à la publication de ce rapport."

"Honte" et "indignation" du Diocèse de Lyon

Le Diocèse de Lyon a également réagi ce mardi dans un communiqué face aux résultats de la commission présidée par Jean-Marc Sauvé : "ils montrent une réalité effroyable que nous ne pouvions imaginer en termes de nombre de victimes, de pourcentage de prêtres et religieux auteurs de ces crimes, de défaillances qui ont rendu possible que certains parviennent à sévir durant des décennies et que si peu soient poursuivis," explique le texte. "Devant tant de vies brisées, souvent détruites, nous avons honte et sommes indignés," poursuit le Diocèse de Lyon.

"Notre pensée et notre immense peine (...) vont avant tout aux personnes victimes ; celles qui ont pu parler, celles qui n’ont pu le faire encore ou ne le pourront jamais et celles qui sont mortes. Rien ne peut justifier qu’elles n’aient pas été entendues, crues, soutenues, ni que la plupart des coupables n’aient pas été signalés et jugés," déplore le Diocèse de Lyon.

Le Diocèse de Lyon se dit aujourd'hui déterminé à agir pour qu'un "tel scandale ne puisse se reproduire". "Nous savons que le chemin est encore long pour espérer mériter le pardon des victimes et qu’il nous faut « faire nos preuves," ajoute le texte.

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