Coronavirus Covid 19. "200 paires de mains qui touchent le même robinet" : inquiétude pour les migrants à Lyon

Ils sont 380, mis à l'abri par le Collectif de soutien aux migrants de la Croix-Rousse dans le désormais "collège sans frontières Maurice Scève". Précarité, promiscuité. Pas facile d'appliquer les consignes sanitaires dans ces conditions d'hébergement. L'inquiétude monte.

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Un cluster de Covid-19 potentiel à la Croix-Rousse ? C'est ce que redoute le collectif de soutien aux migrants de ce quartier de Lyon. Deux membres, Sophie et Sébastien, me font un état des lieux. Dans le "collège sans frontières Maurice Scève" comme il a été rebaptisé après avoir été investi il y a un an et demi, "ils sont 380 jeunes hommes, en attente de leur reconnaissance de leur demande d'asile, sans autre solution d'hébergement par la Préfecture ou la Métropole de Lyon".

Le matin, je me lève en me disant que je vais croiser 379 risques potentiels


L'un des résidents de l'ancien collège, propriété de la métropole de Lyon, précise leurs conditions de vie, avant et depuis le confinement.
"Nous sommes répartis dans les trois anciens bâtiments de classe. Jusqu'à 25 par salle. Alors c'est difficile de se tenir tout le temps à un mètre de distance. On a du savon, mais seulement deux points d'eau dehors que tout le monde touche dans la journée. Les autorités ne font rien pour trouver une solution pour qu'on soit moins nombreux".

Il me confie que depuis le matin, il s'est isolé dans son coin. Qu'il ne voit plus beaucoup de monde passer dans la cour, que tous essayent de rester au mieux confinés, à boire du thé... à 12 voire même 25 dans leur salle respective. "Tout le monde a peur".
 

Une demande de lieu pour isoler ceux qui tomberaient malades


Sophie et Sébastien, eux-mêmes soumis au confinement, me racontent que des habitants référents de la Croix-Rousse ont fourni des thermomètres pour la prise de température. Histoire de pouvoir alerter les médecins du collectif, dès l'apparition de symptômes suspects.
Mais ce qu'ils souhaitent aujourd'hui, c'est d'avoir accès à un lieu pour isoler ceux qui viendraient à tomber malade, "comme le gymnase d'à côté qui aujourd'hui ne sert à rien". Un courrier à été adressé à la mairie et à la Préfecture en ce sens. "C'est possible à Paris. Pourquoi pas à Lyon ?"

La seule possibilité de suivi de la situation de ces migrants a été donnée par l'Agence Régionale de Santé. "L'ARS a annoncé la mise en place d'une équipe mobile, chargée de veiller sur l'ensemble des précaires et sans-domiciles fixes. Est également prévue, une mise à disposition de 44 places d'hébergement à Belleville et d'une trentaine d'autres à Saint-Genis-Laval. Ce qui est largement insuffisant. Nous, nous souhaitons une vraie zone de quarantaine pour les cas avérés de Covid-19 qui pourraient apparaître".
  

Carence des autorités ?


Même si "un dialogue s'est instauré avec la métropole de Lyon tout en restant difficile avec la Préfecture", le Collectif de soutien aux migrants de la Croix-Rousse réitère sa demande faite régulièrement depuis 18 mois : trouver des solutions d'hébergement pour diminuer la population au sein du "squat", du collège sans frontières Maurice Scève.

Sophie et Sébastien se félicitent de l'auto-gestion et du calme ambiant dans ce contexte de crise sanitaire. Et de l'accroissement des dons alimentaires. Mais cela suffira-t-il à empêcher l'apparition de la maladie ? Rien n'est moins sûr. C'est pourquoi le collectif demande aux autorités "un plan sanitaire en cas de diffusion de l’épidémie du coronavirus, qui soit autre chose que du bricolage par nous-mêmes".

Le collectif réitère sa demande de "propositions de logement digne pour tous les ayants droits identifiés". Et ce, même si Sébastien se montre peu optimiste au regard de la situation nationale : il manque 80 000 places en France pour les demandeurs d'asile.
Ligne de crédit pour y remédier ? L'Etat a adopté un budget de zéro euro pour 2020 , me lâche Sébastien. Sans plus de commentaire.

 
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