La crise sanitaire actuelle limite le nombre de bénévoles et l'action des associations qui viennent en aide aux "sans-domicile". A Lyon, l'association Habitat et humanisme lance un appel à l'aide pour financer le confinement de 60 personnes démunies dans un hôtel.
Selon les statistiques de l'Insee, on recense environ quelques 140 000 sans domicile fixe en France, et environ 250 000 selon les associations. Le ministre du Logement Julien Denormandie a annoncé samedi 24 mars la mise à disposition de 2.000 places d'hôtel supplémentaires en France pour héberger des sans-abris, ainsi que l'ouverture de trois sites de confinement pour soigner des SDF malades du Covid-19. "Au total, l'Etat débloque une enveloppe d'urgence de 50 millions d'euros supplémentaires pour l'hébergement", a-t-il indiqué dans un communiqué. 110 places seront ainsi ouvertes dans le Rhône.
Un tsunami sanitaire
A Lyon, selon les associations, on dénombre 9000 "Sans-domicile".
En cette période si particulière, les responsables de l’Association lyonnaise « Habitat et Humanisme » estime que ces derniers sont confrontés à « un tsunami sanitaire ». Selon son président, Bernard Devert « Le virus s’attaque aux plus fragiles, et, par définition, ces populations, sans toit, ne bénéficient d’aucune barrière sanitaire. J’y vois aussi une crise de notre civilisation, incapable de faire suffisamment attention à la question de la fragilité. »
Au delà de la prise en charge des services sociaux, coordonnés par la Préfecture, une idée locale a été lancée, soutenue par l’industriel lyonnais Alain Mérieux. A l’origine de « l’Entreprise des possibles », lancée l’an dernier, et dont le but est de fédérer le monde des entrepreneurs autour de la question des sans-abris, il a impulsé une nouvelle action concrète. A compter de ce mercredi 24 mars, 60 personnes vont bénéficier d’un hébergement dans un hôtel. Concrètement, les personnes sélectionnées par les services sociaux, seront logées dans 27 chambres doubles et 3 chambres triples, afin de pouvoir y être confinées. Elles bénéficieront également de repas, d’un nécessaire d’hygiène, et la présence de deux travailleurs sociaux sera assurée toute la journée, épaulés par quelques bénévoles. Les lieux ont été visités et validés par la Direction départementale de la cohésion sociale.
L’hôtel – un établissement de qualité basé à la Croix-Rousse- qui a accepté de participer à cette action offre cette possibilité à un moment où les chambres ont été désertées, après les dispositions de sécurité sanitaires imposées par l’Etat. Chaque nuit, dans cet hôtel, revient à 58 euros par personne. Plusieurs partenaires ont accepté de participer à une partie de leur financement, comme le groupe Apicil, ou encore la fondation de l’OL, qui, par exemple, s’est engagée pour la somme de 15 000 euros. « Il ne s'agit pas de récupérer cet argent pour notre association, mais bien de prolonger cette action. Plus nous aurons de soutiens pour financer cette action, plus longtemps elle durera. Depuis notre appel à la solidarité, nous avons déjà pu, à l’heure où je vous parle, passer de 15 jours à 25 jours d’hébergement financés pour ces 60 personnes. A présent, nous en appelons à l’aide de chacun ».
Chacun peut faire un don
Il est, très concrètement, possible de faire des dons, en se connectant sur le site de l’Association Habitat et Humanisme. Cette dernière recherche également des lits-parapluie, qui permettront mieux accueillir les enfants. Le docteur Alfred Hobeika, médecin généraliste, s’est porté volontaire pour venir à la rencontre de ces hébergés et faire un point sur leur santé. L’association recherche d’autres membres du corps médical, qui accepteraient de donner un peu de temps pour lui prêter main forte.
Bernard Devert veut aller plus loin. Déjà, il s’interroge sur la suite. « Comment va-t-on gérer l’après-crise ? Nous réfléchissons à un prolongement de notre action pour ne pas remettre ces gens à la rue. Demain sera le temps d’une véritable humanité »
Habitat et humanisme n'est pas la seule structure qui s'intéresse à cette situation d'urgence.
Dans un communiqué, le collectif Hébergement en Danger dénonce "une situation intenable et indigne pour des milliers de personnes à la rue" et précise "Rien qu'à Lyon, 9000 personnes à la rue sont aujourd'hui à la portée de ce virus qui touche les plus fragiles. Face à cette situation, les professionnel.le.s de l'urgence sociale dénoncent un manque criant d'information et de matériel de protection. Peu ou pas sensibilisé.es dès le début de la crise, ils et elles n'ont pas pu assurer correctement la protection des personnes à risque."
Le collectif demande aujourd'hui la réquisition des logements vides et la réouverture des lieux d'accompagnement, un plan d'urgence alimentaire et sanitaire ainsi que des moyens pour se protéger et protéger les personnes accompagnées