Des lieux de cultes interdits d'accès à plus de 20 personnes, et des funérailles "dans la plus stricte intimité", les familles doivent apprendre à composer avec des règles floues pour enterrer leurs proches. Et les sociétés de pompes funèbres aussi.
Interrogé sur la possibilité d'assister "aux obsèques d'un ami", le Premier ministre avait concédé lundi 16 mars "c'est terrible à dire (...) mais nous devons dire non". Des obsèques donc a priori réservées aux seuls membres de la famille biologique...
Pourtant aucune directive précise ne vient encadrer cela (à cette heure), comme nous l'ont confirmé des professionnels des pompes funèbres d'Auvergne Rhône-Alpes.
Pas de seuil pour assister aux obsèques
Si le gouvernement a légiféré par décret dimanche pour interdire les rassemblements de plus de 20 personnes dans les lieux de culte, aucun seuil n'a été fixé pour se recueillir ou assister aux obsèques, dans les cimetières.A la mairie de Villeurbanne, on explique que la préfecture a confirmé que les cérémonies d’obsèques ne sont pas interdites. Mais "elles doivent se tenir dans la plus stricte intimité et le respect des recommandations sanitaires".
Un flou relatif
Un flou que les sociétés de pompes funèbres de Lyon ont à gérer : si les funérariums de Lyon et Bron interdisent les cérémonies, dans les autres chambres funéraires certains tolèrent des cérémonies par "petit comité" de 5 personnes, mais sans enfant.Quant aux funérailles en elles-même, au cimetière, la règle indéfinie du "petit comité" s'impose aussi. "20 personnes au maximum" (comme dans les lieux de culte) nous dit un professionnel, "moins" nous dit un autre.
Des "règles" plutôt bien comprises par les familles déjà très bien informées sur le principe de non circulation du virus, précise ce dernier.
Des professionnels des pompes funèbres inquiets
Mais du côté des professionnels "c'est compliqué et il y a de l'inquiétude "nous confie Axel Ammuler, gérant de deux entreprises de pompes funèbres à Saint-Genis Laval et Lyon.D'abord, il y a la complexité de devoir travailler avec des communes dont les services fonctionnent en mode dégradé.
Entrer dans un hôpital sans protection ?
Ensuite, il y a l'aspect sanitaire : "Nous ne sommes pas sur la liste des personnels prioritaires pour les équipements de protection. Or, nos personnels rencontrent beaucoup de monde, encore maintenant lors des cérémonies ou des enterrements. Et en cas de décès d'une personnes à l'hôpital ou en EHPAD, ils doivent pénétrer dans l'établissement".La peur de contaminer les autres et de se contaminer. Un syndicat a d'ailleurs écrit au Président de la République et aux préfets pour demander l'accès aux protections. Avec en filigranne, la menace d'un droit de retrait... "L'angoisse monte" reconnaît Axel Ammuler. "Car si les équipes des pompes funèbres tombent malades..."
Les décès par Covid 19 au secret ?
Et celles qui sont amenées à traiter un "Covid 19" ? Il nous explique qu'elles n'en sont pas averties en tant que tel, mais qu'elles peuvent le déduire, au vu des documents fournis.Ainsi, un décès dans un contexte de Covid 19 est mis en bière immédiatement. Et c'est indiqué sur le certificat délivré. Alors ? "Il va falloir gére au cas par cas..."