C'est une opération qui a vu le jour sous l'égide de l'association des Entreprises des possibles qui regroupe un certain nombre de fleurons économiques de la région. Objectif : trouver dans les meilleurs délais des sites pour abriter des personnes à la rue face à l'urgence du confinement.
Pour eux, le plus souvent, le confinement est impossible. Les sans-abris vivent la pandémie dans des conditions qui empirent de semaine en semaine. Respecter les gestes barrière, respecter les distances, se soucier de leur hygiène, de leur nourriture, est, pire que tout, un impossible casse-tête.
Dans la métropole lyonnaise, on compte pas moins de 3 000 personnes à la rue. Depuis le début de la crise sanitaire, les services de l'Etat, avec des collectivités locales, ont réussi à héberger quelque 600 personnes isolées ou membres d'une même famille.
De son côté, un groupe de mécènes lyonnais a mobilisé son collectif d’entreprises pour, en urgence, trouver de nouveaux lieux d’hébergement pour les plus vulnérables. Plusieurs actions ont vu le jour dont la mise en place d'un container lavomatique à proximité du gymnase Bellecombe, dans le quartier des Brotteaux. Il est équipé de lave-linge et sèche-linge remis en état par l'association d'insertion Envie Rhône. Trois associations accompagnent les sans-abris dans leur démarche de traitement de leur linge.
Un institut religieux et un hôtel pour protéger
La Fédération nationale des sans-abris (FNDSA), très présente à Lyon avec 1 500 personnes hébergées dans le courant de l'année normale, a ouvert ce jeudi une vingtaine de lits dans un site appartenant à une congrégation religieuse de la Presqu'île, rue Sala. Au total, dix adultes et neuf enfants, des jeunes mamans et leurs enfants. Une capacité qui devrait passer à 35 personnes d'ici 10 jours.La semaine dernière déjà, une résidence pour étudiants, propriété de l'Université Catholique de Lyon, a mis à disposition une trentaine de chambres individuelles pour accueillir vingt-neuf adultes des deux sexes. "Pour éviter tout risque par rapport au covid, nous avons retranché tous les espaces communs, y compris bien sûr les salons TV, explique Marion Vezian-Rolland, une porte-parole de l'association. Le plus important, c'est d'accompagner ces gens qui sont souvent totalement démunis, qui ont des craintes énormes face à la situation que l'on vit. Des gens pétris d'incertitude qu'il faut rassurer."
A la Croix-Rousse, derrière l’hôpital, C'est Habitat et Humanisme qui opère dans un hôtel qui a mis son bâtiment à contribution. 30 chambres hébergent depuis le 17 mars parents isolés et couples. La vingtaine de bénévoles mobilisés par l'association intervient jusqu'à la préparation de panier-repas distribués chambre par chambre, "pour ne pas courir le risque de rompre avec les mesures de précaution", glisse Antoine Dulin, bénévole et responsable du site. La température de tous les résidents est relevée deux fois par jour. Des animations éducatives protégées sont proposées aux enfants de même qu'un accompagnement des adultes par des travailleurs sociaux.
Un campus transformé en centre d'hébergement
Plus étonnant est ce centre de formation continue de Véolia prêté depuis jeudi pour héberger une bonne cinquantaine d'adultes isolés de tous horizons, hommes et femmes seuls et démunis (réfugiés, jeunes adultes, sans-abris). Sur ce campus de Jonage (Est de Lyon) qui accueille habituellement ingénieurs et techniciens, les chambres disposent toutes de conditions de confort au-dessus de la moyenne. Même le restaurant d'entreprise a rouvert pour permettre la préparation de repas servis à une poignée de bénéficiaires à la fois, pour que soient suivies à la lettre les consignes de sécurité gérées par huit membres de l'association Le Mas. Cette dernière est spécialisée dans l’accueil, l’accompagnement et l’aide aux personnes en situation de vulnérabilité, de souffrance psycho-sociale, de précarité ou d’exclusion. Elle accueille des publics diversifiés, environ 8 000 personnes par an.Dans le Nord de Lyon, Le Mas a ouvert en parallèle un centre d’hébergement pour des femmes victimes de violences avec enfants.
Un nécessaire appel aux dons
Le modèle de l’Entreprise des Possibles repose sur une dynamique Entreprise/Collaborateurs et notamment sur les dons de congés payés pour son financement. Dans le contexte actuel de crise et compte tenu de l’urgence à agir, elle doit également recourir à des modes de mécénat classiques pour soutenir les actions des associations sur le terrain.Pour Alain Mérieux, président de l’Entreprise des Possibles,"nous ne pouvons rester insensibles à la détresse des sans-abri et aux appels à l’aide des acteurs de terrain qui doivent intervenir dans un contexte particulièrement dégradé."