Coronavirus. Les réseaux d'entraide vont-ils perdurer en Auvergne-Rhône-Alpes

En questionnant les réseaux déclarés sur le site internet covid-entraide, nous avons cherché à savoir si les acteurs de la solidarité entendent poursuivre leurs actions avec le déconfinement. Certains ont déjà lâché, d'autres entendent prolonger ce "réveil citoyen". 


Quelque 640 réseaux sont recensés par le site national covid-entraide.fr. L'une de ses initiatrices, l'essayiste et élue régionale en Auvergne-Rhône-Alpes (Rassemblement citoyen, écologiste et solidaire) Corinne Morel Darleux, le définit comme "un appel à faire et agir de manière immédiate par des actions d'entraide et d'auto-organisation".

C'est ainsi que du côté d'Aubenas (Ardèche), des militants associatifs ont saisi la balle au rebond. Au début de la crise, "les pouvoirs publics ont parfois complètement disparu dans nos petits villages où on a jusqu'à 60% de personnes âgées", explique Léo Genebrier, par ailleurs animateur local de la CGT chômeurs. Il a participé au lancement d'une plateforme recensant localement les actions pour "une entraide par la base et pour la base".
 

"On a commencé par imprimer les attestations pour ceux qui ne pouvaient le faire, on a aussi fait des ateliers informatique et deux groupes se sont mis à faire des masques. On a même cousu des masques pour les entreprises et les Ehpad quand le confinement a commencé !", détaille Léo Genebrier.  


Aujourd'hui, le militant avoue que la demande est moindre, que les villageois ont moins besoin du collectif. "Mais le réseau existe, on va pouvoir compter dessus dans les mois à venir, quand il y aura des licenciements un peu partout", espère l'animateur du réseau.  
 
Si le cap de l'aide d'urgence est pour le moment passé, un lien est noué entre certains habitants. En jetant un oeil sur la page Facebook du réseau "Résilience Altiligérienne" (Haute-Loire), on constate encore que l'on s'échange "des plants de courges ou de concombre". Evidemment, les professionnels de l'informatique qui donnaient des conseils bénévolement, ont repris une activité commerciale. 

Ce qui peut rester à l'avenir, c'est l'échange dans un même bassin de vie. Dans l'Ain, les adhérents de la page Autogestion Entraide Solidarité sont toujours invités à "donner des choses, échanger un savoir faire, mais rien de marchand ou ne nécessitant une prestation financière". Un exemple est même donné: "je fabrique ma lessive, je l'échange contre des yaourts réalisés par une autre personne"

Dans la Drôme, un réseau d'entraide s'était également créé à l'échelle d'un village, celui de La Baume Cornillane. En discutant sur un groupe WhatsApp, les habitants ont ainsi partagé de la nourriture et plein d'autres choses durant le confinement. "On s'organisait par exemple pour aller chercher des légumes chez un maraîcher du coin", explique Bastien, le créateur du fil. "Prochainement, on va se réunir pour savoir comment faire durer cet esprit d'entraide parce que depuis le déconfinement, on ne se parle plus beaucoup", regrette-t-il.  

Ces initiatives ont pour la plupart "vocation à durer" pour "développer cette culture de l'entraide" et "penser un autre mode d'existence", espère aussi Corinne Morel Darleux.
 

La genèse du réseau covid-entraide        

"Une autre manière de vivre ensemble", c'est le leitmotiv de Corine Morel Darleux interviewée par nos confrères de l'Agence France Presse. Elle revient sur la création du site covid-entraide

Question : Comment est né le réseau covid-entraide ?
Réponse : "Le 21 mars, 200 personnalités (dont la sociologue Dominique Méda, le philosophe Dominique Bourg ou l'ancien ministre Yves Cochet, ndlr) ont signé un appel non pas à réfléchir au monde d'après de manière programmatique, comme il y en a eu beaucoup, mais à faire et à agir de manière immédiate par des actions d'entraide et d'auto-organisation.

Il y a tout un tas d'outils pratiques disponibles sur covid-entraide.fr: une cartographie des groupes locaux, des canaux de discussion, des kits pour savoir comment créer un groupe local, comment organiser des distributions de masques, faire les courses pour des personnes vulnérables avec toutes les précautions sanitaires à prendre, des conseils de nature plus juridique (comment exercer son droit de retrait en tant que travailleur, par exemple).

Q : Quelles sont les actions les plus emblématiques ?
R : "Des groupes locaux ont remué ciel et terre pour pouvoir fournir des ordinateurs à des gamins pour qu'ils continuent à suivre les cours pendant le confinement, pour faire les courses des personnes vulnérables, pour créer des cantines autogérées destinées aux plus précaires, pour fabriquer des masques en tissu.

Il y a une deuxième catégorie d'actions moins dans l'urgence immédiate mais plus dans le long terme, autour des questions de l'autonomie alimentaire, du soutien aux producteurs locaux, aux circuits courts."

Q : Quelle suite donner à ces initiatives ?
R : "On ne s'est jamais conçu comme un réseau d'urgence humanitaire. L'objectif est de penser un autre mode d'existence, de développer cette culture de l'entraide par le faire, par l'auto-organisation.

Ca a vocation à durer dans le temps. L'initiative va se poursuivre au côté d'autres actions qui existent, notamment autour de l'appel des soignants 'Bas les masques!', ou de la 'Carte des colères au travail' qui recense les endroits où les travailleurs ont exercé leur droit de retrait.

L'idée est de faciliter la mise en réseau de ce qui existe déjà, 'd'archipéliser' tous ces îlots de résistance et d'alternatives pour montrer que c'est possible dès maintenant de faire changer les choses et d'inventer d'autres manières de vivre ensemble, sans attendre 2022."

 
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