A Lyon, après les annulations, le Théâtre des Célestins appelle ses habitués à "renoncer à réclamer le remboursement des billets". Les directions des théâtres doivent en effet s'organiser pour traverser -au mieux- une crise du coronavirus dévastatrice pour le spectacle vivant. Deux exemples.

 

Qu'il soit public ou privé, le théâtre a vécu -sans distinction de public- de plein fouêt, la crise du coronavirus. Sans avoir eu le temps de réellement s'y préparer, les artistes ont subitement quitté les scènes, à Lyon comme ailleurs. 
En plein milieu de saison, les responsables de ces institutions doivent réagir, notamment pour aider les artistes et les techniciens à survivre à cette mauvaise passe. 

Un appel à la solidarité de tous

Dans le 2ème arrondissement lyonnais, le Théâtre des Célestins comprend deux salles, dont la plus grande compte 700 places, et l’autre, la « Célestine », environ 140. Le programme de cette année prévoyait des spectacles dans ces deux salles sur toute la saison. Au final, sept affiches, dont deux hors les murs, restent encore à jouer.

Entretien avec Claudia Stavisky, directrice artistique Théâtre des Célestins


Yannick Kusy : Des créations comme « Bug », mise en scène par Emmanuel Daumas, avec Audrey Fleurot, ont du être interrompues ?
 
Claudia Stavisky : Oui. « Bug » et Merci la nuit » de Raphael Defour sont très impactés. Ils ont été interrompus après seulement deux représentations. C’est très dur, car ce sont vraiment des créations chez nous.
Impossible pour nous de les reprogrammer, ni durant la prochaine saison, ni même pendant les répétitions qui sont prévues, justement avant la prochaine saison, pendant les vacances. A priori, tout sera occupé. A l’heure où je vous parle, nous allons tout annuler jusqu’au 5 avril. Sachant que nous ne savons pas comment la situation va évoluer.
 
YK : Qu’allez vous faire pour ces artistes ?
 
CS : D’abord, nous allons évidemment exercer notre obligation de solidarité en payant tout ce qui était programmé d’ici au 5 avril. Ensuite, nous allons monter une sorte de « cellule de solidarité », entre théâtres. L’idée est d’essayer de voir avec nos confrères, comme le TNP, ce qui pourrait être « repris »… et quand. La question étant « que peut-on faire les uns pour les autres ? »
 
YK : Vous avez appelé les spectateurs à apporter un soutien financier ?
 
CS: Oui, nous demandons, évidemment à ceux qui peuvent se le permettre, de renoncer à réclamer le remboursement des représentations annulées. On demande à tout le monde d’être le plus solidaire possible. On sait déjà que, parmi les compagnies avec lesquelles on travaille, certaines ont vu d’un seul coup toute leur année passer à la trappe. On se demande qui va pouvoir survivre à de telles annulations.  On demandera aussi, lorsque cela leur est possible, aux membres de notre club des entreprises, de se mobiliser pour apporter un soutien.
 
YK : Au théâtre, quelle est l’ambiance ?
 
CS :C’est vraiment bizarre et déstabilisant. Depuis plusieurs jours, nous avons mis une partie du personnel en télétravail. Les techniciens ont achevé le démontage. Puis, hier, à midi, nous avons fermé le théâtre. Cela m’a franchement angoissé. C’est une « Annus horribilis », comme disait la Reine.
 

Reporter en attendant des jours meilleurs

Dans le 3ème arrondissement de Lyon, le Théâtre Tête d'Or traverse la même crise. Cette intitution privée, dédiée au théâtre populaire, fait partie de l'histoire de Lyon. La salle de 370 places est désormais déserte, tout comme la scène, sur laquelle la pièce de Robert Lamoureux "Si je peux me permettre", faisait rire aux larmes le public fidèle il y a encore quelques jours..Il restait 10 représentations à faire. Pourtant, la direction de l'établissement veut rester optimiste.

Entretien avec Pascal Héritier, co-directeur du Théâtre Tête d’Or
 

 
Yannick Kusy : Comment vivez-vous cette drôle de période ?
Pascal Héritier : On ne parle pas d’annulation, mais plutôt de report. On va proposer d’autres dates à nos abonnés, on travaille déjà beaucoup là-dessus.
Les spectateurs y sont sensibles. On préfère penser que la vie va repartir en juin, et que l’on jouera cet été. Tous les comédiens y sont prêts. Cela réjouit notamment les abonnés, qui, d’ailleurs, affichent le même optimisme et se réabonnent déjà pour la saison prochaine.
A la différence d’autres établissements, nous proposions essentiellement nos propres productions. Donc nous avons la possibilité de prévoir de reporter ces pièces.
 
YK : Cela ne doit pas être simple d’estimer les échéances futures ?
PH : En ce moment, tout le monde est un peu expert en virologie. La réalité, c’est que l’on ne sait pas exactement ce que l’avenir nous réserve. Autant être optimiste. L’Etat a pris des mesures correctes qui permettent de mettre une partie de notre personnel en chômage technique, et d’assurer une partie des salaires. Pour d’autres, nous avons équipé tout le monde pour pouvoir faire du télétravail et maintenir le contact avec notre public.
 
YK : Comment réagissent vos abonnés ?
PH : On avait vu venir le problème et déjà anticipé. Avant que les mesures de restrictions ne soient prises, nous avions équipé notre personnel d’accueil avec des gants. Et puis, assez vite, on a senti que les spectateurs « seniors » commençaient à être inquiets. Nous les avons très vite rassurés en leur expliquant que nous allions sans doute reporter toutes les dates prévues, ce qu’ils ont apprécié. 
 

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