Covid 19 : la solidarité avec les soignants n'est plus la même, une infirmière lyonnaise témoigne

Où sont passés les applaudissements, les plateaux repas, les dessins d'enfants ? Le personnel soignant fait face à une deuxième vague pire encore que celle du mois de mars mais cette fois, ils ne se sentent plus soutenus par la population. Violaine Carron, infirmière à Lyon, témoigne.

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"Au mois de mars, on a vraiment senti un élan de la population, un soutien, des dessins d'enfants, des restaurateurs qui nous envoyaient des petits plats, c'était vraiment agréable de se sentir soutenus et accompagnés." Violaine Carron est infirmière à Lyon, elle intervient en zone COVID à l'hôpital dès que nécessaire.
Mais voilà, six mois plus tard, les choses sont bien différentes, et cet élan s'est envolé."Aujourd'hui, on a l'impression que les gens se sentent un peu moins concernés par tout ce qui se passe pour nous à l'hôpital".

Comment expliquer un tel changement d'attitude de la population envers des soignants qui, il y a peu, suscitaient l'admiration de tous ? " Lors de la première vague, il y a eu un effet de sidération, de peur et un élan commun de vouloir aider les professions médicales, mais aujourd'hui peut-être y a-t-il un peu de lassitude, d'agacement, d'incompréhension, de colère aussi, parce que le confinement est désagréable pour tous."

"Il y a une banalisation de la COVID 19"

Une colère de la population forcée une nouvelle fois à se confiner qui se traduit parfois par un rejet total des institutions, "les gens ont moins peur, ils ont le sentiment que les mesures sont démesurées et que ça les pénalise dans leur vie quotidienne pour quelque chose qui, au final, n'est pas si important que ça et qui aurait pu être maitrisé en amont. Ils se sentent victimes de tout ça."

Evidemment, tout le monde ne se retrouvera pas en réanimation mais la conséquence de certaines attitudes insouciantes est la surcharge des hôpitaux. "Cette minorité prend énormément de place dans les réanimations comme dans les services d'hospitalisations conventionels. Pour nous, en tant qu'hospitaliers, il est difficile d'absorber ce flux de patients en plus des patients que nous avions avant cette épidémie. Résultat : ces derniers se retrouvent parfois en rupture de soin."

Un appel à la solidarité

Loin de réclamer d'autres applaudissements ou gentilles attentions, les soignants aujourd'hui en appellent au minimum à la citoyenneté de chacun. " On peut avoir tous les avis qu'on veut sur cette maladie, j'entends toutes sortes de théories complotistes, mais là ce n'est pas la question. Il n'y a pas que cette maladie, il y en a plein d'autres. Or si nos services sont pleins de patients Covid, nous ne pourrons pas nous occuper des autres et ça c'est grave."
 

Quand les réseaux sociaux s'en mêlent

Loin de relayer les bonnes actions menées, les réseaux sociaux attisent cette forme de rejet " j'ai pu lire que certaines personnes en avaient marre de la pleurniche infirmière, que c'est notre travail, qu'on a signé pour faire ça et qu'il y a des difficultés de partout et que nous, au moins, on a du travail."

Des propos qui, aujourd'hui, concourent à démotiver les soignants, et à aggraver ce sentiment d'abandon, "Il y a davantage de soignants malades aujourd'hui que lors de la première vague. Par ailleurs, nous avons continué à travailler tout l'été pour rattraper notre retard. Aujourd'hui, beaucoup sont à bout, alors même que les besoins en personnels vont en augmentant."

 
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