CovidAir, c'est le nom donné à cette expérimentation menée depuis début mars 2021 à Lyon. L'étude clinique, portée par les Hospices Civils de Lyon, vise à analyser l'air que vous expirez afin de savoir si vous êtes positif ou non à la Covid-19. Explications.
Le principe de ce nouveau mode de dépistage, c'est celui de l'éthylotest. Vous soufflez, l'air que vous expirez est analysé, et au bout d'une à deux minutes vous saurez si vous êtes positif Covid-19. C'est en tous les cas l'objectif d'un groupe de chercheurs qui, depuis le début mars 2021, mène une expérimentation sous la houlette des Hospices Civils de Lyon.
Expérimentation avec un long tuyau raccordé à une énorme machine
Autant vous le dire tout de suite, pour l'instant, le dispositif d'expérimentation est loin de la taille d'un éthylotest. Au Palais des Sports de Lyon, dans le quartier de Gerland, l'appareil de détection est plus qu'imposant. Alexandre, 10 ans, dont la classe a été fermée pour cause de Covid-19, se prête à l'expérience. "Il faut prendre une grande inspiration, et après tu vas expirer de façon continue jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'air dans tes poumons", lui explique une assistante ingénieure. Le jeune garçon souffle alors dans un long tuyau, raccordé à une énorme machine de la taille d'un frigo.
"Souffler, c'est beaucoup mieux que d'avoir un goupillon dans le nez !", s'amuse, le regard rivé sur la jauge de l'appareil, Jennifer âgé de 22 ans, venue se prêter au jeu, après avoir passé un test PCR.
L'étude clinique COVIDAir évalue une nouvelle méthode pour détecter la #Covid19 via la caractérisation des molécules présentes dans l’air expiré.
— HCL - Hospices Civils de Lyon (@CHUdeLyon) March 31, 2021
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Analyse par un spectromètre de masse
Le Dr Alexandre Gaymard, virologue aux Hospices civils de Lyon, est en charge de ce projet de recherche CovidAir. L'objectif de l'étude est de pouvoir identifier et quantifier les molécules présentes dans un échantillon d'air expiré, afin de détecter les personnes atteintes du Covid-19. L'analyse s'effectue avec un spectromètre de masse. L'instrument "va séparer et observer les molécules que vous expirez. On obtient ensuite un graphique qui va être interprété par un logiciel", explique le chercheur lyonnais.
Cette technologie, la spectrométrie de masse, est déjà utilisée, notamment lors d'analyses environnementales afin de détecter des particules dangereuses dans l'air. Et les scientifiques espèrent pouvoir élargir son utilisation dans le cadre de la santé humaine, pour détecter d'autres virus comme la grippe et d'autres maladies respiratoires.
En attendant, grâce aux souffles analysés précédemment chez des patients hospitalisés à la Croix Rousse en 2020, "la signature spécifique de l’infection par la Covid-19 a été trouvée et intégrée dans un logiciel permettant d’avoir un résultat rapide en quelques dizaines de secondes", expliquent les HCL sur leur site internet.
Fiable à 95% ?
Depuis le lancement de l'expérimentation à Lyon, 2.800 personnes ont déjà soufflé dans le tuyau. Toutes ont également fait un test PCR en amont, afin que les deux résultats soient ensuite comparés en laboratoire. Impossible de tirer des conclusions de ce premier mois d'expérimentation, mais les résultats préliminaires obtenus l'année dernière sur des patients atteints du Covid-19 à l'hôpital de la Croix-Rousse ont démontré "une fiabilité à 95% en comparaison avec un test PCR", selon Alexandre Gaymard, virologue chargé du projet CovidAir.
Si l'expérimentation aboutit, une à deux minutes pourraient suffire pour se faire dépister du Covid-19. Et cette technologie pourrait être utilisée dans les lieux ouverts au public, lors de manifestations sportives ou culturelles, dans les aéroports avant l'embarquement, ou encore à l'entrée des urgences des hôpitaux pour trier les patients. "Cette machine sera utile dans tous les lieux où il faut dépister rapidement", résume le docteur Alexandre Gaymard.
L'étude CovidAir est menée par un consortium de scientifiques de l'Institut des agents infectieux des Hospices Civils de Lyon, de l'Institut de recherches sur la catalyse et l'environnement (IRCELYON), du CNRS et de l'Institut des sciences analytiques (ISA). Ses conclusions devraient être rendues d'ici la fin de l'année.